vendredi 3 juillet 2009

veille d'halloween.




...Ce soir, c'est mon premier quart de travail au IGA des saules.
Et dire que demain c'est l'halloween.. Je dois déjà mentir pour ne pas travailler à ma fête favorite.


Je suis nerveuse, et j'ai tout sauf l'envie réelle de travailler. Et encore moins dans un gros magasin comme celui-là.

Mais comme tous les gens qui m'entourent me lancent, yeux fermés, dans le gouffre du marché du travail, je tombe. Je suis mon propre bourreau, en fait. C'est moi qui, toutes voiles dehors, est allée butiner d'entreprises en entreprises, toutes plus répugnantes ou presque les unes que les autres, pour porter ma vie sur papier, c'est-à-dire mon curriculum vitae.

Reste que ce soir, je dois, et ce sans même avoir le temps de manger ou de décompresser de ma journée de cegep, me rendre dans cet entrepôt à nourriture pour je ne sais quoi. Regarder des vidéos sur l'entreprise, recevoir une jolie formation par une grosse madame sur le service à la clientèle, comme si il fallait une formation pour sourire.



Erreur.

Au iga, ils ne poireautent pas. À l'eau, les vidéos. Talons hauts et robe rouge, on m'envoie sur une caisse. Une autre nouvelle, retraitée celle-là, y reçoit déjà une formation, elle est de dos et je m'avance vers elle et son formateur, qui sera aussi le mien.

Mais plus que le soucis de devoir me souvenir comment fonctionne la caisse que j'occuperai, je regarde celui qui me montrera le comment de la chose.
Il est petit.
Je trouve ça mignon.

La dame qui m'escorte, à mon grand dam puisqu'elle ne transpire pas la gentillesse et porte un nom d'homme, ce que je trouve absurde, l'appelle par un nom composé. Quelque chose qui malgré son trait d'union, sonne bien.

Quelque chose qui finit en ''oit''. Je ne porte pas vraiment attention au nom. J'étiquetterai plus tard, de toute façon. Et comment que je m'en souviendrai, de ce nom.

Reste que celle plus âgée part. Ne reste que moi et cet énigmatique jeune homme, qui essaie, tant bien que mal, de me montrer comment scanner un truc insipide.

Je le trouve beau.
Je le regarde. Il a l'air d'un homme complet, dur et solide, en petit format, tout concentré. Il bégaie un peu, ça me fait sourire. Je l'imagine habillé de noir, et même, l'espace de quelques secondes, de rien.
j'ai l'esprit coquin.

Les traits de son visage me semblent particulièrement harmonieux, je le détaille.
Lorgnant,subtilement, quand l'occasion se présente.

Je le met mal à l'aise. J'essaie d'être naturelle, peine perdue.
Je lui plais, j'en ai la conviction. Il n'en faut pas plus pour démarrer la machine. Je roule et je déroule, je regarde et j'insiste.

Les heures passent. On rit. Il me raconte des trucs, et moi j'écoute. Je le regarde.
Il a le sourcil percé. Des belles dents droites. Des lèvres particulièrement fines. Des cheveux rasés à la dure. Des fesses. Une odeur de détergent mélangée subtilement à un fumet de bière. Des yeux perçants.
Qui me percent.



J'ai du rougir un bon nombre de fois, alors que je jouait à la fille sûre.

Et ce fut fini.

Je repars chez moi. Mais j'ai maintenant presque hâte d'y retourner, mais pas pour scanner des pois. Je crois m'avoir fait un ami, alors que je suis tombée en amour...

Un amour latent, qui aura une lente gestation endormie quelques mois, par une distraction, mais qui finira par éclore, légèrement plus tard, mais avec la puissance du charme de Robert Downey Jr sur Gwyneth Paltrow.


Il fait bon parfois retomber plusieurs mois plus loin, et sourire de la naïveté du moment.

Fou raide (dites-le vite. et plusieurs fois)

Parfois, pour un rien, la mélancolie me prend de la tête aux pieds, mais surtout au coeur.
Jamais je n'aurais cru dire(et encore moins écrire) que la royale matière avec laquelle je me suis relativement débattue pendant les dernières années de mon secondaire me manquerait.

Les mathématiques.

Depuis maintenant un an, je n'ai pas été dans un cours de mathématique, je n'ai pas soupiré d'ennuis devant une matière chinoise, je n'ai pas philosophé avec un grand brun de Chambord..
Le contenu le plus ''scientifique'' avec lequel j'ai eu à dealer est sans contredits la littérarité de cette chère Yolaine.

Mais plus encore que la matière, l'ambiance de ce cours me manque.

J'ai franchement peur que mes cellules m'abandonnent, suite à une trop grande absence de calculs, et une surabondance d'écriture.

Mais plus encore que la matière, autre chose me manque. Dieu sait pourquoi.

L'ambiance,les collègues, l'effort ,mitigé je dois bien l'avouer, et, pour ne pas le dire, l'homme. Celui devant la classe.

J'ignore pourquoi certaines personnes nous marquent plus que les autres.

Et j'ignore tout autant pourquoi, en cette petite nuit humble, je pense à ça.
Mais c'est là.


Je voudrais faire des logs et ne rien comprendre. Je voudrais encore utiliser une calculatrice graphique. Je voudrais optimiser des situations loufoques et sans possibilité éventuelles d'utilité dans ma vie. Mais encore plus, je voudrais aller faire la file à son bureau, pour repartir un peu plus mêlée, mais avec un sourire et une odeur de café dans la narine droite.

Je suis quelqu'un de timide.

Ça m'a pris plusieurs fois avant d'aller jusqu'à la polyvalente pour rendre visite aux pionniers de mon secondaire, dont lui.

Malchance, j'y suis allée trop tard. Plus personne.

Ne me reste que la peur d'y aller l'an prochain, et de ne pas être reconnue par ceux-là même qui m'ont marquée. Devoir, toute fébrile, dire mon nom, mon année, devant quelqu'un que j'apprécie tant et qui m'a oublié.
Être oubliée par quelqu'un d'important, c'est comme mourir un peu.

En attendant, j'ouvre mon album des finissants.

J'étais autre chose, avant d'être Amélie Richer 18 ans.