vendredi 18 juin 2010

Grosses lunettes

Film d’horreur. Un vrai film d’horreur. Vendredi 18 est le nouveau vendredi 13.

En fait, plutôt la partie intense de la bande-annonce.

C’est arrivé tout à l’heure.


Jean-Benoit était parti depuis environ une heure, l’appel nocturne de ses amis et de la bière ( à peine deux).

Et moi, j’avais si chaud!

Il était environ 22h. Toutes les fenêtres étaient ouvertes, et les rideaux aussi, évidemment. Mes fenêtres donnent sur un immeuble à bureaux et sur un stationnement sur plusieurs étages. La journée, l’immeuble pullule de gens qui ont l’air si occupé, mais le soir, les horaires de bureaux étant ce qu’elles sont, plus personne ne s’y trouve.


On peut donc dire que les fenêtres de mon appartement de donnent sur rien de stressant le soir.

Et moi j’avais chaud.

Je travaille chez Lush. Donc quand j’ai chaud, je me fais un masque à la crème de menthe, évidemment. Je suis toute seule et je me gâte un masque visage-poitrine avec un charmant exfoliant. Sauf que c’est salissant.


Nudité s’impose.

Et moi, de me promener dans mon appartement, toute nue et à moitié recouverte de vert.

Après une dizaine de minutes, je rince mon masque.

Mais j’ai toujours chaud. Alors bien que je me sois débarrassée de mon masque, je garde la nudité.

Envie de pipi.

Moi, toute nue, assise sur la toilette, avachie, qui regarde mes pieds. La grande classe, j'en suis bien fière. Sarcasme.
Je relève la tête.


ET C’EST LÀ.

(enfin me direz-vous..)

Droit debout, devant la fenêtre de l’immeuble qui donne sur mon petit appartement, dont les rideaux et les lumières sont grandes ouvertes, se tient un homme, qui lui, me fixe directement.

À peine une demi-seconde après avoir réalisé que quelqu’un me voyait, j’ai claqué la porte de la chambre de bain, restée ouverte pour ne pas manquer une minute d'American Dad, évidemment.


J’ai à peine aperçu l’individu. Un homme, ça j’ai vu. Et pas très net, si je peux me permettre. Des grosses lunettes, aussi.Du genre de celles dont John Lajoie qualifie de Rapist glasses. Des grosses lunettes laides que personnes ne porte aujourd'hui.

Je me sentais comme dans un film, avec le zoom rapide sur le voyeur (si je peux réellement l’appeler ainsi..). Et après le contre-champ de la pauvre fille qui tente de claquer la porte plus vite que le vent ne le permet.

Reste que la sensation est désagréable.
Quelqu'un de plus sur terre m'a vu nue.

dimanche 13 juin 2010

Oreille en fût. Ou à l'affût.

J’aimerais tellement tout connaître sur tout le monde. Savoir chaque chose tue, chaque histoire de famille, chaque détail méconnu.

J'écoute, toujours, tout autour de moi. Subtilement, on s'entend.

Je capte des bribes d’informations qui me semblent si croustillantes dans des conversations ici et là, et ça me laisse sur ma faim.


De loup.

Je suis curieuse. C’en est presque malsain. À ce qui paraît, la curiosité est un bien vilain défaut. Merde.

Des fois, je me mets hors ligne mentalement. J’existe. Je fais Juste vivre. Quand je m’ennuie, quand le temps ne passe pas assez vite à mon goût, quand n’importe quoi, bref.

J'adore être hors ligne, c’est relaxant. Je me déconnecte, j’arrête de lutter pour un rien, pour que le temps passe plus rapidement ou que je n’aie plus peur, je fais juste être. Souvent je n’ai qu’été dans les cours de philosophie. Jennyfer me comprendrait.

Reste que, quand je suis ailleurs mais présente, je capte quand même les petites noirceurs qui surgissent. Les petites informations qui laissent deviner qu’un passé plus ou moins propre, ou qu’une histoire juteuse se cache ici ou là.


Et je me mets, doucement, pour ne pas effrayer la proie, en

ligne.

mercredi 9 juin 2010

ces temps-ci. Toujours.

J’ai un gros kick sur Coeur de pirate, ces temps-ci. Je n’sais pas si c’est son p’tit accent, la façon qu’elle a de mâcher ses mots, ou encore le fait que je l’ai vu toute nue sur Internet, mais je l’aime bien celle-là.

J’écoute en boucle ses chansons, sans jamais vraiment saisir les paroles.

D’ailleurs, je me dis que je passe assurément à côté de quelque chose en n’écoutant pas le contenu du contenant.

Je me sens de moins en moins libre, ces temps-ci, aussi.

Mais ça c’est autre chose.

Saviez-vous qu’il faut 150 000 fleurs de safran pour faire un kilo?

C’est fou.


Ma mère m’a raconté, jadis, une histoire de quelqu’un qui a passé proche de se noyer. J’ai oublié si c’était elle, moi ou ma sœur… ou n’importe qui d’autre. Elle m’a dit que tout ce qui était visible de la surface, c’était une petite fille, raide comme une barre, qui coulait vers le fond, les grand yeux ouverts qui regardaient vers le haut, les bras déployés vers le haut, comme pour rattraper la surface et s’y hisser. Je vois parfaitement la scène, dans ma tête, au ralenti, évidemment.


J’pense souvent à ça, ces temps-ci.


J’pense à beaucoup de choses, en fait. Souvent, trop, j’ai des bouffées, comme de chaleur, de souvenirs qui m’étourdissent. Étrangement, les souvenirs sont toujours ceux de situations où je me suis sentie ridicule. Mais je me sens souvent ridicule.

Et pour m’étourdir d’autre chose, je chante. Du cœur de pirate, si possible. Ou sinon, n’importe quoi.

Des chicanes, des aberrations dites sous la gêne, comme une blague sur l’université Laval en rapport avec justement, le fait d’avaler, des trucs que je voudrais effacer. Ou je me suis sentie pâte, pour ne pas dire nouille. (Je déteste le mot nouille)

Souvent, je me rappelle certaines choses, et je ne suis pas fière. Et ça m’effraie.


Parce que j’ai peur de, plus tard, repenser à maintenant, et de ne pas l’être, fière.


Sur le coup on se trouve intelligent, mais avec du recul, on se sent souvent idiot.

Ouin, ces temps-ci.

Et je voudrais dire merci. Parce que je l’oublie souvent.


Et Pardon aussi.

mardi 8 juin 2010

L.A.


Sur mon cellulaire, l’image de l’écran c’est une photo de la boutique Lush de Place Laurier.

J’ai pour presque 2 000 dollars de produits Lush dans mon appartement, en grande partie des cadeaux ( je suis pas folle), ou des produits retournés/trop vieux pour être vendus mais parfait pour la consommation, que j’ai pu ramener.

J'ai gardé un élément de la décoration de la boutique qui devait être changé, un gros carré noir de plastique sur lequel est écrit: Crèmes eu beurre et gelées, frotter sur tout le corps et rincer.... pour l'accrocher sur mon mur, comme un tableau. (mais c'est joli, en fait)

Dans mon bain, et sur la toilette (pardon), je m’amuse à lire les étiquettes des produits, à apprendre les ingrédients.

Je suis contente, mais vraiment, quand la météo annonce de la pluie pour une semaine, parce que je me dis qu’il y aura du monde au Lush,que ça va bouger, puisqu’un centre d’achat reste le meilleur refuge en journées de pluie.

Après 5 jours de suite à travailler, je rêve la nuit que je caisse/conseille des produits, c’est inévitable.


Le ¾ de mes messages textes traite de la boutique, de l’achalandage, des problèmes entre les employés. Puisque je texte en majorité avec des employés ou pour raconter à Jean-Benoit les anecdotes Lush-iques.

Je visite tous les jours le site de Lush du Royaume-Unis, pour voir si des nouveaux produits s’en viennent, même si je sais d’avance tout ce qui arrive, parce que je le reçois par la poste.

Je fais des soins de pieds, à mon chum, le soir, avec des produits Lush... et je lui explique les produits, avec ma voix lush.

Et
J’en
Demande
Encore.

Au secours. Je me noie avec plaisir dans une eau jaune qui sent la camomille. ( et une touche de Jasmin)

J'exagère là, j'aime juste mon travail.

salut, Bonjour! Sans Gino Chouinard.

J’me sens sociale, ou sociable, tout dépend. J’me fais des amis partout.

Depuis que j’habite dans mon petit appartement, je dois prendre toujours le même autobus pour aller où je dois toujours aller, travailler. Mais ça, c’est une autre histoire, j'y reviendrai.

Je dis bonjour aux gens. J’enlève mon écouteur gauche, aussi, pour saluer le
chauffeur de l’autobus qui me cueille.

Mais je suis quand même timide. Je ne fais pas partie des gens qui entrent dans l’autobus d’un air décidé comme s’ils entraient sur scène, et que tout le monde les regarde. Je grimpe les hautes marches, vraiment pas pensées en fonction des gens qui mesurent à peine 5 pieds, et je dis inévitablement bonjour au chauffeur. Bonjour, c’est une clef. Quelqu’un qui ne dit pas bonjour ne devrait pas sortir. Comme au Lush! Quand je dis bonjour à un client.. qui me répond : Je regarde. Et moi de répondre, en gentille copieuse de Maïté,: Bonjour quand même.


Bref, je m’égare.


Reste que je dis bonjour au chauffeur. Mais ça reste un bonjour poli et distant, comme si je lui disais que je le salue, mais que je ne suis pas son amie. Théorie du bonjour sans souhaiter une bonne journée, quoi.

Mais les horaires du RTC doivent marcher de paire avec celles de Place Laurier, C’est toujours le même chauffeur qui me conduit au travail.

Au fil des jours, je lui dis bonjour, il me reconnait, je le reconnais. Le type de bonjour change.


Du Bonjour froid, poli, je suis passé, un jour parmi un autre, à un Bonjour plus franc. Et lui aussi. Je le vois presque tous les jours, je peux me le permettre.

Les chauffeurs sont toujours surpris de mon aparté amicale, et semblent si saisi de surprise qu’ils ne répondent pas, souvent. Mais après plusieurs fois, je l’ai amadoué, je suis douée.

Il y a quelques jours, je voyais l’autobus arriver, et par le gros par brise, j’ai
vu mon chauffeur me voir. Et sourire. Je me suis dis, bon ça y est. C’est rendu mon ami.

Quand j’ai monté les marches, je suis passé du Bonjour à Salut! Le Salut! le plus amical que je pouvais sortir! Et lui de me faire un signe de la main, les yeux fermés, en hochant de la tête, l’air de dire : Hey salut la petite femme que je chauffe presque tous les jours!

J’ai bien ris.
Pis je me suis dis que je devrais le raconter sur mon blog.
Alors voila.

samedi 5 juin 2010

Beau garçon cochon. (homme ''laitte'' au jambon)

La chaleur ondoie et rougie la fonte. La pauvre motte se débat, rapetisse. Ratisse la surface antiadhésive, comme si elle avait une chance.
Chance de ne pas fondre. Mais c’est beurre perdu, une flaque luisante, aux bords broueux, se forme, et s’étend. Premier combat livré, livre de beurre, perdu, pain perdu.
Non, pas pain perdu, omelette.
Lui, sa coquille casse, craque, craque bien nette sur sa lisse carapace d’ivoire. Alors qu’il se répand d’une blancheur jaune, visqueuse, la flaque fondue s’étend et visite la fonte.
Arrive le contact. Contact broueux et visqueux. Flaque translucide de mou qui rutile, se tortille, et devient lentement, mais surement, blanche et gélatineuse.
Ça s’étend, ça frise. La viande qui, là-dedans, est bien assise.

Et voilà, mon omelette au jambon.

jeudi 3 juin 2010

Gratter la rouille

J’ai changé.

C’est normal, j’imagine, parce que plus on vieillit, plus on se désillusionne, donc
plus on change.

Reste que j’aimerais bien revenir un peu en arrière, juste un peu.

J’ai l’impression de ne plus prendre soin de moi, de me laisser aller. Sauf que je ne sais pas où exactement je me laisse aller. Peut-être que je travaille trop.

Bientôt, j’irai me faire couper les cheveux, en demandant paradoxalement qu’elle
n’enlève pas de longueur, comme si elle pouvait couper sans le faire. C’est dans ma mélancolie de cheveux longs qu’elle devrait couper.

Arf, j’ai l’air bien drabe avec tout ça hein!

Je me ferai tatouer bientôt, une grosse rose.


J’en parlerai à personne, et je rirai.


Je veux aller à la Ronde & à Val-cartier.

Je veux finalement finir Madame Bovary, de Flaubert. Je m’en veux beaucoup, mais je
déteste ce livre, je le trouve extrêmement ennuyeux. Pardon Yolaine.

Je veux mes tablettes, et je veux les faire moi-même.

J’aurais voulu aller à Boston, voir Bret, mais je suis assez grande pour comprendre que c’est irréaliste.

Je veux expérimenter le saladShop.

Je veux passer une belle journée à marcher avec Jean-Benoit.




Je veux être heureuse.

Voila mon plan pour ce qui me reste de l’été.


Ouf. Je suis
Rouillée.


Je devrai aussi prévoir de gratter la rouille.