mardi 11 décembre 2012
Le dictateur
Bouge. Marche. Remue les hanches. Laisse tomber ta tête. Rentre le ventre pousse les seins. Je n’ai pas de seins. Pointe le pied, cogne les talons. Mais ils s’ensanglantent. Repointe le pied, recogne les talons.
Frappe, martèle, pousse ton corps. Oblige-le à s’élever encore plus. Brise tes côtes. Elles le sont déjà. Serre les mollets, contracte les muscles de tout ton corps. Faim. Pointe les doigts. Grâce grâce grâce. Remonte la tête, gonfle le torse, bouge plus, fausse moins. Je fais de mon mieux ! Vite, cours, suis les autres, cours, gracieusement. Lève les bras, fléchis les coudes, ouvre les yeux, ne fronce pas les sourcils ! Mais ça vient tout seul ! Détend ton front, détend ton front ! Haut, bas, haut, bas, haut bas, haut, bas. J’ai faim. Plus vite. Haut bas haut bas haut bas. Ça tourne. Non, tu ne vois pas les étoiles. Non, tu ne vois pas tout en noir, non, tu ne te laisses pas envahir par la vague noire qui te rend lourde. Plus haut, plus droite, plus haut !
Pousse, pousse, arrête de laisser pendre tes bras ! Les autres, elles, sont droites, fortes. Contrôle le tremblement de tes genoux. Je dois manger, je danse depuis des heures avec le ventre vide. Penche la tête, rentre le ventre. Déplie les doigts sois gracieuse pousse les bras ! Ça siffle dans mon crâne. N’écoute pas ce son, fixe le vide. Pointe, pointe, Marche. Cours, arabesque ! Double pointé. Relève toi ! Qu’est-ce que tu fais à genoux ? Je n’y arrive plus. Non ! Debout, les autres te regardent ! Pousse avec tes bras pour te relever ! Je n’y peux rien. Relève-toi, ne t’affale pas en entier ! Non !
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