Je suis anonyme, pour plusieurs. Si peu pour d’autres.
Dommage pour eux.
En fait, j’ai un prénom simple- qui sonne mal selon moi- qui semble impossible à retenir pour le monde effervescent qu’est celui de l’enseignement. Amélie, c’est léger, c’est presque tongue twister à lire, à dire surtout. Chaque fois que je prononce mon prénom, j’ai l’impression que je me trompe, que les syllabes ne sont pas dans le bon ordre, que ma bouche trébuche et amène avec elle ma crédibilité. Mélanie. Jessica. Anne. Justine. Tous des prénoms droits, qui se répètent facilement. Peut-être que c’est le coup que le plat de la langue doit simultanément aller donner sous les palettes et au creux du palais lorsqu’on prononce la troisième syllabe mon prénom qui me rend sceptique vis-à-vis son efficacité, mais il y a anguille sous roche.
Je m’égare.
Peut-être aussi qu’à force de devoir le répéter, j’en perds le sens. Parce que je dois le répéter.
Le répéter parce que personne ne le sait, mais le mériter surtout. Universitaire, je perds mon baptistaire. À chaque porte de classe universitaire que je franchis, je deviens un meuble, un meuble anonyme. Incapable de parler, de se prononcer sur des questions simples, de verbaliser des réponses, des opinions fluides dans mon esprit. Je ne parle pas, en classe. Je me terre, me renfrogne sur ma chaise. Je suis là, à répondre dans ma tête, mais jamais à voix haute. Si bien que je n’existe pas pour les enseignants. Un petit meuble qui rigole parfois, qui opine de la tête, qui semble d’accord mais n’en parle pas. Un petit meuble intriguant, dont on ignore le prénom, qui n’en mérite pas nécessairement. Dont les tiroirs pleins de bonnes intentions, de vouloir et de capacités, demeurent fermés. Et personne n’a la clef.
lundi 11 avril 2011
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