lundi 13 décembre 2010
violence cubique
L’homme prit le petit garçon entre ses mains, par ses épaules, et semblait vouloir le comprimer en petit cube. Il serrait si fort qu’on aurait dit qu’il avait la force d’une poulie, d’une machine bien huilée. En serrant le petit corps, il levait les bras. Sans lâcher. Le pauvre garçon ne touchait plus au sol, ses pieds gigotaient, mais si faiblement, comme s’ils savaient que c’était inutile. L’homme regardait le petit, se regardait regarder le petit, on aurait dit. On aurait dit qu’il se voyait, mais qu’il fermait les yeux, puisqu’il continuait de lever le petit homme toujours plus haut. Au bout de ses bras, il ferma les yeux. Dans le noir, il brassa le maigrelet corps comme un immense shaker de martinis. Pendant trente-sept longues secondes, il le secoua violemment, les yeux fermés. Aucune résistance n’était offerte. L’enfant avait perdu connaissance, et son corps suivait les secousses rythmées, effrénées, trop rapides, trop fortes, que lui faisait subir l’homme. Doucement, l’homme s’arrêta, il rouvrit les yeux, baissa les bras. Entre ses mains, un jeune corps, la tête inclinée sur son petit torse, les yeux clos, les bras ballants, se démantibulait.
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Dans le choix des réactions on pourrait ajouter émouvant, poétique!
RépondreSupprimerUne très émouvante prose aux reflets si sombre.
Cordialement,
Fx