lundi 13 décembre 2010

Murielle

Elle. Elle, c’était Murielle. Je ne l’appelais jamais par son prénom, elle n’en méritait pas. Une fille trop longue, des cheveux noirs trop brillants et des ongles fraîchement manucurés, d’un beige chic, le bout blanc crème. Elle s’amusait à se pavaner devant moi, de sa démarche parfaite, féline, juchée sur ses incroyables escarpins, souvent noirs. Qui porte de telles échasses pour venir à l’université?
Elle. Murielle.

Moi, j’ai toujours été petite, un modèle réduit de femme. L’impossibilité d’être une déesse de quatre pieds sept pouces me frappait au visage, claque sanglante, tous les jours, lorsqu’elle passait devant moi. Elle voulait devenir avocate, disait-elle candidement à qui voulait l’entendre, de sa voix mielleuse de Murielle. La réponse, toujours la même. «Tu devrais être mannequin, Murielle, tu es si belle.» Et elle de rire, faussement pudique, nullement modeste, d’un léger rire de cristal.

1 commentaire:

  1. Oui mais la beauté est toute faite de subjectivé, les échasses et mascara ne sont qu'artifices qui masquent souvent la pureté d'une beauté toute naturelle, bien plus profonde et souvent inexpliquée autant qu'inéxplicable!!

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