lundi 13 décembre 2010

quatre glaçons

Une tempête rageuse, semblable à celles qui fermaient les écoles et poussaient les piétons à se réfugier n’importe où, faisait rage sur le boulevard Laurier, le paralysant totalement. Plus tôt dans la journée, à l’improviste, un vent cinglant s’était levé et de lourdes rafales de neige avaient commencées à débouler. Alors qu’un capharnaüm d’automobiles se dépêtrait sous leurs yeux, les quelques piétons restant ne pouvaient qu’espérer être plus lourd que le vent, qui faisait valser la neige en tout sens autour d’eux. Au fil des heures, l’artère principale de la ville était devenue complètement déserte. Même le système de transport en commun avait abdiqué. Or, dans cette violence hivernale, quatre piétons n’avaient pu trouver autre refuge qu’un abri vitré de terminus d’autobus, et y étaient restés, attendant le calme : deux jeunes filles d’une douzaine d’années, qui se ressemblaient étonnamment, une femme à l’air abattu, inquiète et nerveuse, et un homme très grand. Camille, la jumelle qui avait du caractère, s’impatientait. Son reflet, sa jumelle, la regardait avec le même air qu’elle affichait toujours devant elle, un air respectueux et presque craintif. Elle semblait attendre que Camille décide quelque chose. Dans la promiscuité du refuge, la femme inquiète tentait de se tenir à l’écart. Distante, elle grelottait de peur plus que de froid, et regardait la neige s’accumuler. Tandis que tout le monde évitait soigneusement de se regarder, l’homme demanda brusquement, de sa voix forte doublée de l’écho, si quelqu’un avait quelque chose à manger. Alors que personne ne répondait, il ajouta de sa voix creuse qu’il mourait de faim. Ce à quoi Camille répondit d’un hochement de tête négatif, l’air agacé, suivie de sa sœur. La femme, toujours en retrait, se contenta d’ignorer la question.
La neige montait sur les quatre parois de vitres et donnait l’étouffante impression aux réfugiés d’être emmurés dans un bloc de glace. Discrètement, l’effacée des deux jumelles, envahie par la peur, se mit à pleurer silencieusement. Sa sœur, irritée, soupira d’agacement. Sa sœur pleurait toujours. La femme, tapie dans un coin, à la vue des larmes, sembla prendre vie et sortit de sa torpeur. Elle s’approcha de la jeune fille en larmes et la prit dans ses bras, sous le regard effaré de Camille. Rapidement les choses s’envenimèrent. Sa jumelle lui semblait tellement ridicule, toujours à pleurer. Après avoir pris la main de sa sœur pour la tirer vigoureusement des bras de cette femme, elle lui dit qu’elles partaient, elle en avait assez. Instantanément, sa jumelle acquiesça, elle était bien d’accord pour partir. Camille ne l’avait presque jamais induit en erreur, après tout. Presque jamais, puisqu’aujourd’hui, elle l’avait fait. Elle avait encouragé sa sœur à aller se promener sur le boulevard Laurier alors que leurs parents étaient absents, si bien que maintenant, personne n’était au courant qu’elles étaient dans un abri d’autobus avec deux étrangers. Alors que les deux sœurs marchaient vers la sortie vitrée de leur refuge, l’homme leur hurla d’arrêter. Du même ton autoritaire dérangeant, il leur fit savoir qu’il était hors de question qu’elles sortent seules dans une tempête si violente, ce à quoi Camilla répondit d’un éclat de rire défiant, bien consciente de sa bravoure. La tension monta d’un cran lorsque les deux engagèrent une houleuse conversation. L’homme refusait catégoriquement de les laisser sortir et Camille s’époumonait à crier, la peur et l’adrénaline la portant à bouts de bras, et se heurtait sans cesse au refus de l’homme, qui lui barrait décidément le chemin. Cet homme, il n’avait pas l’intention de les laisser aller mourir de froid, perdues dans la tempête, sans s’interposer. Jamais. Il voyait que la pauvre lui en voulait et qu’elle tentait de lui tenir tête, même si c’était peine perdue. Elle pourrait tempêter autant que le vent sur ces vitres, jamais il ne les laisserait aller se faire tuer, point final, se disait-il. Camille chancelait, elle allait lâcher prise lorsqu’elle vit sa jumelle, enlacée avec la femme qui n’avait encore rien dit. Elle lui caressait les cheveux et la réconfortait. Hors d’elle, elle ordonna à sa sœur de la suivre, elles partaient. Camille augmenta le ton et regarda sa sœur, obéissante, tenter de s’arracher de l’étreinte de la femme pour la rejoindre. Mais cette dernière ne l’entendait pas de cette façon. Attendrie par la pauvre petite jumelle faible, cette femme avait sentie poindre en elle un maternalisme qu’elle ne se connaissait pas. La plus forte pouvait partir, mais l’autre restait avec elle. Alors que l’homme lui barrait toujours le chemin, Camille regarda l’étrange femme, muette depuis le début, serrer sa sœur contre sa poitrine froide. Sa pauvre sœur qui, une lueur de panique dans les yeux, regardait Camille avec un air effrayé et incompréhensif.

Le charognard

(si vous voulez connaître les personnages, vous lirez Les ensauvagés, de Jean-Pierre April, ce petit texte est une extrapolation à partir de son roman)

Alexandre chancela. Il regarda l’étrange personnage qui venait d’entrer et s’accrocha aux parois du coffre dans lequel il croyait trouver refuge à peine quelques secondes plus tôt. Titubant jusqu’à la table, il s’écrasa lourdement sur une chaise, près de l’ermite qui soufflait d’un soulagement presque douloureux.

L’enfant qui venait d’entrer dévisageait le médecin, l’œil inquiet. Lionel et Alexandre pouvaient clairement ressentir l’effort qui se déployait dans la petite tête garnie de cheveux graisseux et épars du garçonnet, presque nu par un temps si froid.
Lionel, inquiet, mais rassuré de voir le charognard et non son père Raham, expira par saccades, comme si la frayeur qu’il avait eu lui avait vidé le corps. Alexandre huma l’air et eu un violent haut de cœur. Il blêmit et détourna les yeux du nouveau venu, qui se livrait toujours à un terrible questionnement au sujet de cet homme qu’il n’avait jamais vu. Lionel sentit à quel point l’enfant inspirait du dégout au médecin.
—C’t’un autre fils de Raham. Y’é fou comme le bon diable parce que sa mère s’est fait battre au sang avec une branche pendant qu’était enceinte de lui, pis ça a ben gros troublé sa grossesse, dit-il.

Alexandre était tiraillé en lui-même en regardant ce petit être sale, la bouche ouverte découvrant deux, presque trois, rangés de dents gâtées et noires, habillé de lambeaux figés par la croûte de saleté les recouvrant. Tiraillé entre l’homme, qui était dégouté et assailli d’un sentiment de pitié presque douloureux, et le médecin qui se sentait en alerte, décelant tant de nids de maladies sur ce petit bonhomme abandonné. Lionel, quant à lui, ne le voyait pas pour la première fois, et en était venu à aimer tendrement cet être incompris, laissé à lui-même. En effet, l’ermite était presque un père pour lui. Raham s’en était débarrassé assez tôt, lorsqu’il avait vu les répercussions atroces de son comportement avec Vah sur le bébé qu’elle portait alors.
Un enfant débile, étrange, étrangement débile, laid. Tellement laid qu’il ramenait Raham sur terre, l’exhortant à sortir de sa folie de Yahvé et à voir qu’il enfantait de sa propre sœur et que cela donnait des horreurs. Le petit s’était alors vu abandonné à lui-même et était devenu ce qui se tenait gauchement devant Alexandre et Lionel, le souffle rauque et la puanteur affreuse. Lionel prit la parole, voyant qu’Alexandre étudiait l’enfant du regard.

—Ça fait longtemps qu’il vient m’voir. Je l’appelle le charognard pis y’a d’l’air d’aimer ben ça, d’avoir un nom. Quand il ne trouve pas de bêtes mortes à manger, ou quand il a envie de boire un peu pour se réchauffer l’corps, il vient m’voir. Chus pas son père, mais c’est tout comme.
Alexandre s’approcha lentement de l’enfant, qui recula aussitôt. Apeuré, il cherchait des réponses à ses questionnements qui, décidément, étaient trop complexes pour lui et fouillait la pièce du regard. Maintenant acculé contre la maigre porte, il restait recroquevillé sur lui-même. Alexandre se posta devant lui, et put le regarder réellement, en lui barrant le chemin. D’aussi près, son odeur était infecte, surtout qu’il respirait la bouche grande ouverte, laissant voir des amygdales jaunâtres infectés par les bactéries. Ses quelques vêtements déchirés, qui découvraient une silhouette chétive, mais gonflée d’air, air de faim, étaient presque entièrement recouverts d’une substance marron foncée, qui semblait prise en pain. Il était pieds-nus, et ses pieds étaient tenaillés de toutes parts alors que ses ongles d’orteils étaient effroyablement longs et bruns, raclant le sol de toute sa saleté à chaque pas. Alexandre était captivé par ce spectacle. Il s’approchait de plus en plus de l’enfant animal, qui se sentait pris au piège, accoté sur le bois de la porte fermée. La panique l’envahissait. Haletant de plus en plus fort, il aurait voulu fuir à toutes jambes, mais la poignée lui était hors d’atteinte. Lionel ressentait la frayeur de son protégé, acculé au mur, mais était cloué sur sa chaise par l’appréhension. Alexandre était trop obnubilé pour entendre ou voir l’alarme qui lui était lancée, autant par Lionel que par l’enfant.
Il ne sentait rien de la tension palpable qui allait, dans quelques secondes, forcer l’enfant à agir, à se défendre pour sauver, croyait-il, sa peau meurtrie.

Rose bon bon.

Les murs sont désespérément roses, rose enfant. Rose petite fille désirée, tant attendue et perdue. Rose bonbon amer, désespoir en sucre. Le plancher de bois dur et foncé est recouvert d’un tapis molletonné douillet sur lequel on apprend à marcher et à tomber sans se faire mal. Sur lequel on crie, une petite dent qui pousse et les joues rouges feu de celles qui s’en viennent tout au fond. Le lit est blanc, la table à langer est blanche, la chaise berçante est blanche. Tous les meubles sont blancs, comme recouverts d’une pellicule blanche soyeuse et morte, déposée à l’insu de ceux qui attendaient ardemment. Les jouets sont immobiles, encrassés dans leur inutilité morne, presque neufs. Neuf mois. Après cinq tout a coulé. Coulé dans le béton cette chambre fermée d’enfant mort qui ne pleurera jamais, à torts.

Herbe froide

J’écrase de mes pieds l’herbe longue et froide qui m’enserre les chevilles de sa salive de rosée et de ses longs bras verts veloutés.

Devant moi un tas.

Tas de planches qui jadis furent jaunes et qui maintenant roulent lentement sous la caresse du soleil, jaloux de leur couleur, décidé à les faire pâlir. D’envie. Des planches courtes et lourdes qui portent le poids de leur longue attente et qui craquent avec fracas dans l’espérance de briser l’oubli.
Tas de clous à tête carrée enfoncés jusqu’à la moelle de fer, enracinés d’un coup de massue. Longs clous bien rangés en colonnes serrées au bout de chaque planche, dans un ultime effort de volonté.

Tas de murs. Murs crevés de lierre, lézardés de vert. Murs qui se rejoignent à chaque coin, qui s’épaulent lourdement comme une ambition malhonnête. Murs striés de lattes sales dont la peinture craque, chancelle et tombe en flocons sur le gazon.
Tas de souvenirs enfouis, oubliés. Dans cet endroit qui pourrit lentement sous la négligence tenace. Souvenirs qui s’imbiberont de pourriture pour devenir de longues coulisses pâles de saletés. Sales d’avoir été.
La nature crépite sous la cime des arbres. Le vent s’engouffre entre les longs troncs, sous les feuilles des arbres, pour les faire rissoler de plaisir.

Et fait valser l’herbe verte encore plus fort contre mes
chevilles.

dé goutte an

Des gouttes, la goutte dégoute. Des fruits rouges et jaunes comme des avocats crémeux et lissement verts foncés. Potelés comme des bébés qui sortent à peine et qui crient à s’en fendre l’âme. Craquelés comme une fine tasse vieille du thé qu’elle a coulé aux dames. Rouge pomme grenade qui coule sur mes lèvres et se répand sur mon menton. Les millions de petits grains noirs tombent et me dévalent le long. L’herbe mâche mes pieds et recueille ces grains en chantant, heureuse de pouvoir être le lit de grains nouveaux et de petits pieds bien chaussés. Jaune poire molle. Violet hématome violent sur mon bras, sur l’avant.

pastiche d'Éluard

Le mot obèse
Que personne ne baise

Blond
Faux rouge sur les lèvres

Le mot litière tout sableux sur la pierre

Véreux puant l’aspartame
Et tout plein de granules blanches

Le mot camionnette, où on se retrouve souvent
Dans des petits livres pour enfants
Et dans les cas d’enlèvements

Tisane, mot qui se fait suer, par la vapeur
Et la volupté

Le mot papillon qui fait battre des ailes les syllabes
Dans sa brillance vermeille

Plume bruissement de coton
Et Sable, bouche sèche du Sahara

Auteur, un mot d’honneurs et de noir
Noir jais, le marbre sur le comptoir

Ordinateur comme une bleue peur
Moustache de framboises et de fraises

Poker, mot voleur de temps d’amour et d’argent


Citrouille, vertu, malice, appendice, myrtille, Éloge, chandail, coton, cochon, rideaux, dorures, arabesques.
Merveille des mots, mots merveilleux.

Baby you're a firework.

Les bijoux de la joaillière, leur beauté.

Mes petites pinces rouges au bec long, effilé. Bec pointu qui se referme sur une proie, petit fil de fer ou fermoir délicat. Poignées moites écarlates, noircies, moelleuses. Corps de métal noir. Tellement utilisées, ces pinces ont perdu leur éclat. Même les petites dents qui ornaient le bec sont rendues plates, de canines à molaires. Manipuler cet outil, c’est une promesse d’acier. Promesse que les mains sentiront le fer usé, l’acidité déposée sur un métal vieux, oxydé. Une odeur poussiéreuse de fer huileux.


Mes pinces plates, larges. Mâchoires des mains, force brute. Coup de poing qui conforme le matériau au joyau.

Mes pinces coupantes, canines acérées, assoiffées de rupture, de coupes nettes.

Mes perles à écraser , brillantes, minces. Piège d’étain sur un fil de fer, légères,
frivoles. Petits anneaux argentés, cran d’arrêt des perles qui dévalent le bijou en création, la moelle épinière de la coquetterie.

Mes perles, montagnes et vallées de couleurs, de formes, d’opacité. De lait mat et perlé. De possibilités colorées. Rubis, émeraudes, perles noires et brillantes, or rutilant, lime acide, translucide.


Un beau bijou, coloré, brillant, est un feu d’artifice qui se porte.

violence cubique

L’homme prit le petit garçon entre ses mains, par ses épaules, et semblait vouloir le comprimer en petit cube. Il serrait si fort qu’on aurait dit qu’il avait la force d’une poulie, d’une machine bien huilée. En serrant le petit corps, il levait les bras. Sans lâcher. Le pauvre garçon ne touchait plus au sol, ses pieds gigotaient, mais si faiblement, comme s’ils savaient que c’était inutile. L’homme regardait le petit, se regardait regarder le petit, on aurait dit. On aurait dit qu’il se voyait, mais qu’il fermait les yeux, puisqu’il continuait de lever le petit homme toujours plus haut. Au bout de ses bras, il ferma les yeux. Dans le noir, il brassa le maigrelet corps comme un immense shaker de martinis. Pendant trente-sept longues secondes, il le secoua violemment, les yeux fermés. Aucune résistance n’était offerte. L’enfant avait perdu connaissance, et son corps suivait les secousses rythmées, effrénées, trop rapides, trop fortes, que lui faisait subir l’homme. Doucement, l’homme s’arrêta, il rouvrit les yeux, baissa les bras. Entre ses mains, un jeune corps, la tête inclinée sur son petit torse, les yeux clos, les bras ballants, se démantibulait.

Murielle

Elle. Elle, c’était Murielle. Je ne l’appelais jamais par son prénom, elle n’en méritait pas. Une fille trop longue, des cheveux noirs trop brillants et des ongles fraîchement manucurés, d’un beige chic, le bout blanc crème. Elle s’amusait à se pavaner devant moi, de sa démarche parfaite, féline, juchée sur ses incroyables escarpins, souvent noirs. Qui porte de telles échasses pour venir à l’université?
Elle. Murielle.

Moi, j’ai toujours été petite, un modèle réduit de femme. L’impossibilité d’être une déesse de quatre pieds sept pouces me frappait au visage, claque sanglante, tous les jours, lorsqu’elle passait devant moi. Elle voulait devenir avocate, disait-elle candidement à qui voulait l’entendre, de sa voix mielleuse de Murielle. La réponse, toujours la même. «Tu devrais être mannequin, Murielle, tu es si belle.» Et elle de rire, faussement pudique, nullement modeste, d’un léger rire de cristal.

deux personnages que j'aime.

Ève Beaupré marche doucement vers la porte rouge. Ses pas sont gracieux, elle semble flotter sur les dalles de ciment qu’elle fauche. Alors qu’elle avance, son regard s’égard.
Ses grands yeux bleus sont écarquillés, comme si sur sa rétine se dessinait un miracle. Mais elle ne voit rien. Ève est aveugle de naissance. Maintenant près de la porte, elle y porte la main. Ses longs doigts fins effleurent la peinture écaillée écarlate. Elle trouve la poignée, la tourne et entre, lentement.

Ève elle-même ne sait pas ce qu’elle fait ici, tous les jours. Mais elle a toujours voulu un atelier, plus que tout. Jeune, ses mains ne servaient qu’à déchiffrer le braille des livres et volumes scolaires, alors que celles des autres élèves pouvaient faire toutes sortes de choses. Les périodes dédiées à l’art plastique étaient les plus troublantes. Elle imaginait tous ces enfants s’activer, manipuler des objets pour créer des images, pour en dessiner, en peindre, alors qu’elle ne pouvait voir même celles qui existaient déjà et restait à ne rien faire, humiliée.

Ces pensées l’avaient tellement remuée qu’elle s’était promise qu’un jour, vue ou pas, elle aurait un atelier en règle, rempli de pinceaux, de pots de peintures, de matières, de toiles blanches et de créations.


C’était chose faite, maintenant. Tous les jours, elle se rendait, lentement, en comptant les pas, à cette porte qu’elle s’était fait dire rouge, l’ouvrait, et passait des heures à toucher son matériel, à l’imaginer, à frotter les poils durs des pinceaux sur son visage ébahi et à effleurer les toiles rêches du bout de ses longs doigts dans l’obscurité.

Elle aimait se dire créatrice, artiste, bien qu’en fait, la chose qu’elle créait fût cette illusion d’elle-même.

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L’Anti-Héro

Roch est laid.
Il l’a toujours été.
L’asymétrie de ses yeux y est pour beaucoup. Sa peau, négligée, présente encore, à 37 ans, des signes d’une acné plus que mordante, encouragée par le manque de soins et de propreté. Trop sensible aux railleries de ses collègues de classe, années après années, il a finit par abandonner toutes tentatives de scolarisation. De toute façon, les hommes de sa famille ont tous eu le même métier, celui de bien-être social. Roch s’est donc dit qu’il ne ferait pas faute à la tradition. Pour mieux vivre, il fait quelques métiers en à côtés. Aujourd’hui il se rend à Saint-Nicolas pour aller cueillir un vieux réfrigérateur jaune moutarde qu’il a aperçu sur le bord de la rue, la veille. Il trouvera assurément quelque chose à faire avec cette vieillerie. Son propre réfrigérateur commençait à faire défaut, il en aurait donc un nouveau!


Plusieurs jours plus tard, Roch est dans son appartement. Il écoute la télévision, assis sur son gros sofa vert. Il fait dos à son nouveau joyau. Le vieux réfrigérateur illumine la cuisine de son jaune sale, bien en place entre les armoires jadis blanches. La porte est bossée, maculée d’huile et de traces de mains brunes bien distinctes. La poignée, noire, est rugueuse de la saleté qu’elle porte.

D’en dessous, il coule légèrement. Roch arrangera ça.

Le prix de la liberté

(Un texte écrit dans un de mes cours, pour lequel j'ai eu un très bon résultat. N'oubliez-pas de voir la fiction, s'il vous plaît)


Le prix de la liberté

Paul est seul, mais il s’en porte très bien. Sa femme l’a laissé il y a quelques semaines. Elle l’a quitté en amenant toutes ses affaires et celles de son fils. Son fils de onze mois qu’elle a également pris.


Leur vie était simple, sans être satisfaisante, loin de là. Paul finissait toujours tôt de travailler. Il était fonctionnaire, un emploi typique, morne. Il se levait chaque matin aux aurores et partait. Or, comme il commençait si tôt, dès le début de l’après-midi, il était de retour à la maison, après un léger détour à la garderie pour aller récupérer son fils, avec qui il passait l’après-midi entier. Sa femme, elle, venait d’acheter une boutique et la portait à bout de bras. Il va sans dire que son horaire n’était pas du tout flexible. Elle commençait tôt, quoi que moins que Paul, mais finissait rarement avant la tombée de la nuit. Après avoir passé la journée à travailler à sa coquette boutique, elle en faisait l’affreuse comptabilité de longues heures durant, le soir. Elle n’était jamais là. Et Paul s’en portait bien. Trop, même. Depuis longtemps essoufflée, leur relation battait de l’aile et comprimait Paul à une existence qu’il qualifiait de médiocre.


Début trentaine, il était un bel homme. Il ne savait pas vraiment ce qu’il faisait, ce qu’il aimait, mis à part lui-même. Toutefois, il savait parfaitement qu’il devait sortir de sa vie, de sa relation étouffante avec une femme qui ne l’attirait pas, et ne l’avait jamais réellement fait. Il avait longtemps cru être homosexuel, mais préférait sa vie rangée à une sortie du placard fracassante. Il n’avait eu aucune difficulté à se trouver une femme, il aurait pu en avoir deux, s’il l’avait voulu. Mais ce n’était pas le cas, il n’avait jamais vraiment porté attention aux femmes, ni à qui que ce soit d’autre, en fait. Maintenant, encore moins. Depuis la naissance de Tristan, prénom qu’il trouvait ridicule, sa vie avait changé. Quelques semaines après l’arrivée du poupon, Paul avait perçu des changements, comme si soudain il savait pourquoi il existait, comme si sa vigueur, sa bestialité d’humain le rattrapait.
Au contact du poupon, il sentait des pulsions l’envahir. Il avait attribué ces changements à la paternité, peut-être le fait d’avoir donné la vie le faisait-il renaître? Il se rendit vite compte que non. Lorsqu’il changeait la couche de
Tristan, il se laissait prendre au jeu, qu’il trouvait envoûtant. Il se prenait à observer, parfois à effleurer, chaque parcelle du petit être misérablement vulnérable devant lui. Il y avait quelque chose d’attirant, d’érotique, ce bébé. Les bébés en général, réalisait-il. Au moment du bain, Paul lâchait parfois Tristan. Il le laissait gigoter dans les quelques centimètres d’eau, sur le ventre, à peine quelques secondes. Rien de bien risqué. Il aimait sentir toute la vulnérabilité de l’enfant, le voir agiter ses jambes et remuer ses bras pour se renverser sur le dos, sans succès. La candeur du regard, le rose de la peau, les rondeurs des fesses, la mollesse du corps, l’absence de défense, tout sur ce bébé l’envoûtait, l’excitait.

Il le couchait nu sur le ventre à la moindre occasion, et l’observait gigoter, les pieds en l’air, les cuisses dodues, les fesses entrouvertes. Il en tirait parfois des érections honteuses, au début. À tous coups, par la suite. Plus le temps passait, plus les expérimentations gagnaient en fréquence, en importance. Paul ne vivait plus que pour expérimenter sur son désir envers l’enfant.

Ce jour-là, sa femme était arrivée tôt, heureuse de retrouver tôt son mari et son jeune bébé, mais surtout de s’être éclipsée de son quotidien commercial et essoufflant. Alors qu’elle entrait dans la maison, sans se poser de questions, son regard se riva sur l’immense sofa du salon. Un sofa de velours noir que Paul adorait. Justement, il y était étendu. Il était complètement nu, en érection, et il tenait son fils debout, nu également, d’une main. Il fallu quelques secondes avant qu’il ne s’aperçoive que sa femme venait d’entrer. Toute son attention était aspirée, monopolisée, par le bébé qui chignait, le visage crispé dans un sanglot de l’effort qu’il devait faire pour rester debout, à peine retenu par son père. Il gesticulait beaucoup. Le cri qu’elle poussa, un hurlement presque primitif, empreint de douleur, fit violemment sursauter Paul. Il en laissa tomber l’enfant, qui s’effondra par terre. Cloué au sol, démasqué par sa nudité et sa palpable excitation, Paul perdit le souffle. Le vacarme de sa femme qui criait, qui tempêtait, les pleurs de Tristan, parsemés de violents hoquets, s’élevait et étouffait Paul. Il se leva, tout son sang affluait à son visage. Sans regarder sa femme, il ramassa ses vêtements qui jonchaient le sol, tout près de l’enfant qui criait toujours, et sortit du salon. Il savait que c’était fini.


Lorsqu’il rentra chez lui, plusieurs heures plus tard, toutes les lumières étaient fermées. Il en alluma une et vit que sa maison avait changé, il manquait plusieurs choses. Son beau sofa avait été lacéré, un des couteaux à viande traînait par terre. Il monta lentement à l’étage, sa chambre était presque vide. Celle de Tristan aussi.

Il comprit que sa femme était partie, avec l’enfant. Lourd, il déambulait dans la maison. Il attendait la police. Bien sûr, il connaissait les lois. Il comprenait ce que sa femme avait vu. Elle le dénoncerait.

Paul attend toujours aujourd’hui, mais il a comprit qu’elle ne le ferait pas. Abusée par son père très jeune, sa femme se mettait dans tous ses états lorsqu’il était question de sexualité, surtout lorsque des pédophiles faisaient les manchettes. Elle ne voulait pas en entendre parler, pleurait parfois, et surtout, ne parlait pas de ces choses-là. Jamais elle ne dirait qu’elle avait fait un enfant à un homme qui est attiré par eux, qu’elle avait vécu avec cet homme et qu’elle l’avait aimé, bien qu’elle ne l’avait pas été en retour. Et Paul s’en porte mieux, il réalise peu à peu à quel point il est libre. S’il avait su plus tôt que le prix de la liberté était d’être pris sur le fait, il en aurait profité davantage.

dimanche 26 septembre 2010

ROSE A DONNE, ELLE. Rosie o'donnel.


Every rose has its thorn= Personne n'est parfait. Rien n'est unidimensionnellement bien ou bon.
Tout le monde à droit d'avoir des défauts, des travers laids. Tout le monde a droit d'être agressif parfois, de déplaire.

D'être laid.
D'avoir des belles qualités, des talents, mais aussi des choses qui clochent.
Des Personnes, défauts, lassitudes, haines ou même ressemblances.
Des thorns, quoi.

& de le savoir, sans changer pour autant.

Voilà.
Parce que c'est plus qu'une chanson.

dimanche 12 septembre 2010

Création d'un chef-d'oeuvre

Hier, on a mangé de la fondue.


Mais j’avais vraiment faim dans l’autobus, en revenant du Lush. Alors J’ai texté jean-Ben, et il a, en gentleman (bohème), proposé d’aller chercher une entrée chez Métro.

Mon choix? Bâtonnets de fromage!

Et moi d’arriver en presque même temps que Jean-Ben, pour découvrir qu’il a acheté la marque Sans nom, celle où le fromage est orange. Du cheez-weez panné, mesdames et messieurs! Déception totale.

Et moi de faire cuire ça, sans grandes attentes, dans ma petite assiette ronde en verre pour le four.


Après quelques minutes, le fromage orange coulait, en gros bouillons, de leur petite enveloppe brune, alors je les ai sorti, en ai mangé deux ou trois, et laissé l’assiette pleine, sur le four.

Mais je devais éplucher des patates aussi, alors je m’exécute. En laissant les pelures dans l’évier. J’en épluche une dizaine, une bonne dizaine.

Et je coupe du pain aussi. Trop.

Et on mange.

Et on ne ramasse pas. Trop pressés de faire autre chose.

Ce matin, je me lève et je vois le fouillis. Alors je m’affaire à tout ramasser, évidemment!

L’assiette de bâtonnets est encore sur le four. Je me dis que je devrais les jeter.

Mais je dois jeter les pelures de patates aussi, alors pourquoi pas! Je mets les pelures dans l’assiette, sur les cochonneries au cheez-weez.

Et le pain est tout sex, oups sec. Alors je mets les restant sur la montage de pelures, dans l’assiette.


Mais il reste aussi le restant de la sauce Ketchup-Mayo. Alors je vide le plat sur la montagne de tous ses restants, rebuts de repas.

Et je me dis : hey! Mais ça fait une tarte, tout ça.

Je pourrais la faire cuire! C’est déjà dans une assiette pour le four!
Et moi d’allumer le four, un sourire aux lèvres, en pensant que je suis donc drôle.

Et de le refermer, quelques secondes plus tard, en m’assurant que je suis seule, parce que c’est limite dégueulasse.

Mais j’aurais pu appeler mon chef-d’œuvre Tarte fromagère d’automne (pour la couleur orange), sur Parmentier au croûton brûlé nappée d’une sauce Ketnaise.
Amélie Novelli, here i am!

vendredi 10 septembre 2010

Embrayer et enrayer sa vie

Fort Lauderdale, c’est une chose pas possible. Une beauté belle, belle.

Si je n’aimais pas le Québec à m’en manger les doigts, je pourrais vivre dans un endroit comme celui-là, où l’eau est partout, le bleu, la chaleur. Il me semble que tout serait simple, ici. Mais peut-être pas, aussi. Mes frères me suivraient, et tout recommencerait. Je les aime mes frères, mais ça paraît qu’on ne vient pas de la même place, qu’on n’a pas le même père. Eux, ils se spécialisent dans les petites bineries, moi je vois plus grand. Moi, ma cause, j’y tiens, c’est une cause qui se transporte : Rémi c’est l’argent, moi c’est un pays. On voit tout de suite la différence. Un pays ça grandit, de l’argent, ça finit par puer, et faire puer les mains qui l’ont trop frotté.


Je déteste conduire. Je conduis trop. J’ai toujours mille places où aller, pour mes à côtés, que j’appelle, mes contrats dans l’immobilier. Non pas que ça m’intéresse vraiment, mais j’ai pour mon dire qu’un gars doit manger, bien manger, dans des belles places. Alors je m’arrange pour le faire. Reste que ce matin, la route est tranquille, c’est facile de partir dans ma tête. Avec l’empire que je me suis bâti, j’ai toujours quelque chose à quoi réfléchir, même si ce sont souvent des choses secondaires qui me causent plus de soucis que de plaisir.
Je devrais m’arrêter, il faudrait que j’aille aux toilettes. Je le savais que j’aurais dû y aller avant de partir, mais ça me gêne quand je ne suis pas tout seul.

Je n’aime pas l’idée que quelqu’un sache que je suis en train de chier, parce que c’est impossible de ne pas le savoir, ça s’entend et ça se sent, surtout, ces affaires-là. Il n’y a pas juste la marde qui se sent, il y a le trouble aussi. Le trouble dans lequel je me suis mis. Je m’en doute que les gars avec qui je fais affaire ne me laisseront pas de chance, s’ils ont l’occasion ou une raison, bonne ou mauvaise, pour me faire la peau. Sauf que j’espère qu’ils savent qu’un gars averti en vaut deux, trois dans mon cas.

Parce que je le sais qu’ils aiment plus l’argent que la cause, eux aussi, et qu’entre être un Canadien riche ou un Québécois pauvre, ils préfèrent le rouge, rouge billet de 50. Le truc, je l’ai réalisé depuis longtemps déjà, c’est d’avoir l’air de rien.
Avoir l’air de ne pas trop savoir ce que tu fais, de ne pas trop avoir l’air au courant de tes affaires et d’être poli, trop gentil, gentleman, même. C’est comme ça qu’on se fait sous-estimer, et qu’on surclasse les autres, justement ceux qui pensaient nous faire la peau.

Vraiment, c’est beau Fort Lauderdale, surtout les banlieues, les banlieues chic, bien aménagées, paisibles. Le contraire de mon trou à rat, plein de rats, justement. Des rats, ici, il n’y en a pas beaucoup. Justement! Pendant que j’y pense, je devr.




Ce que pouvais bien penser Ted Belleau, personne ne le saura jamais, parce que justement, Ted Belleau n’est plus, sa voiture a pris feu si subitement, que la carrosserie s’est emballée et est allée tourner plusieurs fois sur elle-même, un peu plus loin. À la petite école, ils nous disaient de se rouler par terre, parce que c’est ce qu’il faut faire, si on prend feu, et cette voiture s’en souvenait. L’explosion provenait d’en-dessous, d’une place stratégique où une vulgaire étincelle éclaterait tout, déjanterait la scène, inverserait le cours des choses. Une voiture, habituellement sur ses roues, se retrouverait, calcinée, sur son toit, et ce serait comme ça.
Et c’est comme ça que ça se passe, pour les hommes comme ce Belleau, parce que même quelqu’un d’averti ne vaut pas une flamme dans un réservoir d’essence, quand bien même il le voudrait.

Ted Belleau se croyait sur ses gardes, il ne l’était pas assez, et n’était donc plus rien.

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Voici mon premier travail d'université! C'est diablement stressant, parce que je n'ai aucune idée de ce que je peux, et ne peux pas faire.
Écrire un segment qui raconte l'accident organisé d'un mafioso qui complote pour l'indépendance du Québec avec des gens pas trop nets.
Voila.

dimanche 5 septembre 2010

L'amour rend aveugle rime avec Beugle.

Force m’est de constater que je suis en amour.

& L’amour rend aveugle, à ce qu’il paraît.

Il doit me manquer quelques filtres, toutefois, parce que y’a des choses que je vois, ma cécité amoureuse n’est pas totale, malheureusement. Des choses affreuses qui me pincent le cœur. De la poussière, de la litière qui colle sur la plante des pieds, des cernes de saleté, des poils, des germes et des bactéries, qui bien qu’invisibles à l’œil se laisser présumer.

Avez-vous déjà eu envie de pleurer de rage à en avoir mal au menton, comme quand on sourit trop, lors d’une séance de photo de mariage quand on est demoiselle d’honneur. Ça.


Eh bien je ressens ça quand, après 3 jours, je dois recommencer le grand ménage, seule.


Et je tempête, et je rage. Et je prends des décisions, qui fondent comme beurre au soleil.
Et je soupire, surtout.

En fait, l’amour c’est peut être le don de fermer les yeux sur certaines choses, d’où sa réputation d’être aveugle. Pauvre bougre.

Et comme Annie Villeneuve disait : quand je ferme les yeux, je nous vois devenir vieux.
Alors je les ferme, mes yeux, et ma 'yeule.
Je l’aime.
Et l’amour, en plus de rendre aveugle, change les gens!
Alors je me change en ménagère.
<3

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Certains ne me connaissent pas?
(merci de lire ça si vous ne me connaissez pas! haha)
Eh bien sachez que je suis ménage-freak et que j'exagère toujours un peu, lorsqu'il à trait au ménage. Mon chum est une perle, comparativement à bien d'autres, qui à défaut d'être des petits cochons, sont des porcs.
xxx
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Choir Sir.

Des fois, on, peut-être je, se pose des questions alors qu’un pur insignifiant hurlerait la réponse en toute hâte. La réponse pourrait être écrite sur les murs de mon appartement qu’elle ne me serait pas plus accessible. Mais je continue de me poser la question, toujours.


Mais qu’est-ce que j’ai, câline?


Je dors plus qu’affreusement mal, le matin j’ai l’impression d’être saoule, j’en titube, tellement je suis fatiguée. J’ai une poignante douleur au cou depuis trop longtemps. Mon mal de tête est assidu à son poste, chaque fin de journée est couronnée de 3 tylenol, bientôt 4. Et, le pire, tous les jours, vers la mi-après-midi, je commence à trembloter, mes jambes ont l’air de vouloir démissionner et le mal de tête s’accentue. Et je me couche, comme une bûche.


Le lendemain, ça recommence.


Alors, qu’est-ce que j’ai?

Simple. Je ne vis plus, je cours et je me néglige.

Tant
Je mange mal, et peu, trop peu, surtout. Soit un lunch léger, rapide, soit un repas congelé, parce que je mange soit au Lush, soit ailleurs, soit pas. Et à l’appart? Je n’ai que des soupers prévus. Rien pour me préparer un repas en dehors de ceux prévus pour moi et Jean-Benoit.


La nuit, je rêve à des conflits d’horaires, des clients mécontents, des gens qui j’aime qui ont de la peine, un choix déchirant à faire, les conséquences de ce choix.

Bref, je suis indécise, et ça me rend malade.

Comme un homme qui devrait choisir entre sa femme et sa maîtresse. Sa femme qu’il apprécie, avec qui il se sent intime et proche, qu’il a bâti quelque chose et existe différemment à travers elle. Mais dont le temps a affadi les technicalités.

Et sa maîtresse. Jeune, sexy, qui l’aguiche avec ses possibilités et ses grandes jambes. À qui il pense en souriant, mais qui lui donne l’impression d’être n’importe qui, n’importe quoi. Et qui est instable et stressante.
Et cet homme devrait choisir. Et je suis cet homme.
J’ai besoin de lunettes, mais avec 2 emplois et l’université, trouver un trou ou une lunetterie est ouverte et dans lequel je peux avoir un rendez-vous relève de la magie. Et j’étudie en littérature, je lis. Beaucoup. J’ai environ 20 romans à lire avant début décembre.

Alors je lis, en plissant un peu les yeux, je force.


Je trimballe un immense sac en bandouillère, qui me tire le cou, qui pèse une tonne. Cours prendre l’autobus, monte des marches, descend des marches, marche rapide entre le pavillon et le terminus d’autobus, etc.

Avec mon criss de sac.

J’ai de l’agressivité accumulée pour battre 2-3 gens qui font de la cruauté animale et je pleure souvent.

Mais je ne me plains pas.
Parce que c’est mon choix, ou plutôt mon absence de choix.
Alors, mon corps me cris que je n’ai plus le choix.
Je dois
Choisir.
et manger.


Une chance que j'ai
Jean-Ben.
des fois.

samedi 28 août 2010

Bébé jaune.

Je n’ai rien de particulier à dire, rien que je n’aurais pas déjà dit.

J’aurais envie de nouveautés, de changements. Je m’ennuie.

Je garde tous les signets que j’utilise. Dans chaque livre que j’ai lu, le signet que j’ai utilisé, et Dieu sait que je fais preuve d’imagination pour le choix de ce qui me sert de signet, est callé entre la dernière page et la couverture arrière du livre.


J’ai peur de moi. Je me sens comme je me sentais quand j’ai massacré mes cheveux, les quelques fois que c’est arrivé. Tenez-moi hors des salons de coiffure, hors de ma blonde envie.

Je suis allé à la Ronde récemment, et l’effet montagne russe est encore là. J’oscille constamment entre la colère noire méchante à craindre, la tristesse des bas fonds et rien du tout. J’aimerais sortir du wagon, et descendre de l’installation les jambes tremblantes. Mais j’ai l’impression que j’y suis encore pour un bout.


Je ne peux pas fermer les yeux sans vivre une chicane dans ma tête. On s’entend que dans nos conversations mentales, le sens de la répartie nous a été accordé sans confession. Dans ma tête, tout ce que je dis rentre au poste, est cohérent et fait pleurer. Je me défoule et me sens mieux. Mais ça reste dans ma tête.


J’aurais envie de retourner au Lac-Saint-Jean quelques mois. Appuyer sur pause ma vie de capitale et retourner dans mon sous-sol robervalois, avec mes parents, vivre autre chose. Relaxer un peu, économiser, surtout.


J’ai tellement l’impression que je gagnerais Rock of love, si j’y participerais! Dans une autre vie, on s’entend. Avec quelques différences, à commencer par mon 5 pieds et mon aversion pour l’alcool à répétition.

Quand j'étais jeune, j'avais une poupée que j'adorais. Je l'avais appelé Bébé jaune.

Je m’ennuie de ma sœur, c’est une des seules personnes sur qui je compte souvent qui ne me déçoit jamais. La seule.

Je suis très petite.

La couperose extrême sur le nez m’écœure.


J’aime bien toucher les bras des gens, juger de leur douceur.


Il y a des gens dont j'aimerais remplir la vie, dont j'aimerais être très proche. Mais je suis timide.


Finalement, j’avais pleins de choses à dire.

Jean-Ben dort, encore. À peine arrivé, il s'est allongé. Et s'est endormi, tout habillé, la capine de son gros chandail sur la tête,la bouche ouverte. Il a l'air paisible, insouciant, neutre. Comme si il ne pensait à rien. Chanceux.
Un beau sommeil de bébé.

Jaune?

samedi 21 août 2010

A'Guette. Guetta.


J’ai une idée qui me trotte dans la tête depuis quelques temps, qui s'insinue toujours au même moment, qui me guette.

Ma famille ne me connaît plus.

Si tel étant le cas qu’elle l’ait jadis fait. Mais oui, allons. Et ça me manque.

Mis à part ma sœur, personne de ma famille ne peut vraiment nommer quelles activités m’animent, ni quelles choses me touchent. Les nouvelles qu’ils ont de moi de sont bien souvent que des échos, qui ont eu le temps et le loisir de devenir moins que fraîches et de se dénaturer en chemin.

Une personne est responsable de ça. Moi, tout simplement. Je n’en parle pas, parce qu’aussitôt je me sens ridicule, pas plus que je ne donne de nouvelles sur le plan affectif. Je me contente de livre des faits, Oui oui, tout va bien. Parce que de toute façon, il serait trop compliqué de reprendre tout depuis le début. J’ai la fâcheuse tendance à me sentir réellement ridicule pour un rien, mais souvent pour tout. J’ai des souvenirs qui me remplissent de honte et de gêne envers certaines personnes, et quand j’y pense bien, ces personnes ne doivent, elles, n’en avoir aucun souvenir.

Bref, parler de moi me fait me sentir ridicule. De vive voix. Ici, c’est tout autre chose, parce qu’un souvenir gênant écrit devient un souvenir comique, une anecdote qui se raconte et après laquelle les éclats de rire fusent et qu’une nouvelle s’exprime mieux en secret, ici.

Reste que presque (RESTE QUE PERSQUE. On dirait une locution latine du genre ACTA NON VERBA(Des actes, non des mots) Très peu pour moi, merci) personne ne peut se vanter, ou se plaindre qui sait, de me connaître parfaitement.

Au mariage de ma sœur, j’ai mis de côté ma pudeur, et j’ai dansé. Comme je danse presque toujours quand j’en ai l’occasion. Je suis timide, mais sur une piste de danse, je m’éclate, peu importe si je le fait bien ou non.

Jamais je n’avais dansé devant ma famille, encore moins devant mes parents.et jamais je n’avais parlé du fait que j’ai des ressorts sous les pieds quand la musique monte d’un décibel.


Et je n’étais pas abrutie d’alcool. J’avais bu un peu, mais rien pour me faire perdre la tête, à la limite un bras. La musique me déjante beaucoup plus que l’alcool, de toute façon. Mais personne ne le savait, ça.

Or, j’ai l’impression qu’ils avaient l’impression que j’étais saoule comme une botte, comme un escarpin et que j’avais perdu mes inhibitions d’habitudes bien en place, et c’est cette idée qui me pourrit un peu le plaisir rose.

Je regrette un peu. Parce que maintenant, quand j’écoute de la musique danse, chaque fois, chaque fois que j'ai envie de danser un peu, sur place ou pas, j'ai
un petit pincement de gêne qui me colle les pieds.

Mais j'ai eu du plaisir.

Du plaisir. Oh oui.

Et j’espère que maintenant que je l’ai couchée ici, cette idée cessera de me trotter dans la tête, que ses souliers colleront et s’enliseront ici, pour me laisser en paix avec mon David
Guetta.



(L'image est la page couverture d'un roman japonais que je trouve très jolie. Shame girl, c'est un surnom qui m'irait bien, La fille à la honte.J'éxagère toujours un peu.La fille danse en plus, c'est parfait!)

vendredi 20 août 2010

Bleu Glace

Ça y est, je suis officiellement en pleine d’amour. Je l’ai compris tout à l’heure, réalisé avec tous les changements que ça signifie, tous les gestes.


Moins Roff que la dernière fois, on s’entend.

Mais je pense que c’est parce que cette fois, ce n’est pas d’un homme dont je struggle pour faire le deuil, mais de ma job, du Lush.

(Ok, je ne pense pas avoir utilisé autant de mots anglais en si peu de mots depuis
très longtemps…)

Je me sens comme dans un gouffre amoureux, parce que oui, j’étais amoureuse, en quelque sorte, de mon emploi.


Je me sens comme si mon chum m’avait trompé et qu’il me jurait, assez mollement, trop même, de laisser tomber l’autre. Mais dans mon cas, l’autre n’est que du vent, et moi, de l’orgueil.

Comme si je l’aimais encore, mais que je saurais qu’il resterait toujours quelque chose qui clocherait après ça. Comme un miroir stupidement et méchamment cassé dont on aurait recollé tous les petits morceaux, jusqu’aux éclats, avec une grosse colle blanche à bois.

La colle à bois fait de merveilleux petits jouets en bois, mais le miroir lui est
bien ingrat.

Le miroir redeviendrait un miroir, mais la craque serait toujours visible, et déformerait le reflet.

D’accord, je pousse. C’est juste un emploi étudiant.

Non, justement.

C’est plus que ça. C’était plus que ça. Mais je suis trop pudique pour vous dire pourquoi.

Et il y a ce beau brun, ou blond, avec des grands yeux de tendances mode et d’accessoires enjôleurs, qui m’appelle à lui. Se refusant à tant d’autres. S’ouvrant à moi, sans que je sache réellement pourquoi.

Un autre emploi. Déjà. Du même pays. Comme sortir avec le cousin de l’autre. S’éloigner en restant en terrain plus ou moins connu. Comme si je m’embarquais déjà dans une nouvelle relation… une relation de transition, peut-être. Mais je ne peux pas transiter. Je veux travailler.

Et aimer ça. Moyennement, mais endurer parce qu’il y a de si bons côtés.
Avez-vous déjà laissé un gars, en pensant qu’il tenterait de vous retenir. Au moins vous demanderait d’y repenser, vous offrirait une belle fleur, une sortie chic et glamour.


Qu’il sortirait le grand jeu, pour vous.

Et que finalement, il vous envoie un beau signe de la main, en souriant. En disant Je comprend.

Et quand ça vous arrive, la peine d’amour guette.
On comprend qu’on n’est pas le pape.

Mais bon, maintenant que j’ai enfin émis un diagnostique à mon malaise, je peux le traiter!

Gérer mon changement d’emploi comme une peine d’amour. Y penser de moins en moins, et accepter que la vie change. Et dans 2 ans, j’en rirai.
Je repenserai à mon savon préféré, le Bleu Glace,le seul produit que je connaissais avant de travailler au Lush, à mon entrevue, à Alex, Maïté, surtout, à tout le monde, incluant les produits et les vieux clients imbéciles qui ne comprennent pas.
Mais aussi au mauvais.

Mais pour l’instant, je me roule en petite boule.
Boule de crème à'glace.
Bleu.
Bleu Glace.

vendredi 6 août 2010

Dragon Draps Gong

Des fois, je me mets à trembler.

Comme une feuille. Une feuille trop sensible, un drap sur une corde à linge, encore humide et soumis aux vents qui le gonflent et le secouent.
De rage, de frustration, d’impatience, d’appréhension, d’incompréhension.
De vie.
J'ai envie de dire tout ce que je pourrais dire, de cracher et de regarder la cible se dépêtrer dans mon crachat. Mais je ne ferais jamais ça. Et puis de toute façon, je suis beaucoup trop sensible pour faire de la peine à qui que ce soit.

Je tremble donc, secouée par la force de tout ce que je pourrais dire, mais que je garde à l'intérieur, en me faisant violence.

Je suis un lion dans une cage. Une cage de verre, en fait.
D'un coup de rien, je pourrais briser ma cage, et défigurer quelque chose, un concept,surtout.

Mais je suis faible. D'autres diraient gentille. Daniel, par exemple.
Et ça me ferait bien plaisir.

J’ai écouté Karmina récemment. J’avais tellement aimé ce film quand j’étais plus jeune.
Ça m’a fait du bien.

J’ai vraiment rien à dire, mais j’aimerais bien le dire
Quand même.

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Pourquoi je me fais tatouer des papillons?
Parce que le papillon a d’abord été une chenille, comme de quoi tout peut s’améliorer.
Et Sortir de son
Cocon


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Jean-Benoit dort. Il est mignon, tout entortillé dans nos draps.
Il est vraiment dans de beaux draps.
Parce que
Je m'en vais le trouver.

Et me faire un cocon de draps.
Parce que j'ai encore du chemin à faire, en fait.

Mais il dort, c'est ennuyeux.
Je le réveillerais d'un coup de Gong.

lundi 2 août 2010

Coeur de boeuf

C’est fou comment le temps passe, mais que les choses ne veulent pas changer.

Mais que, pour certaines choses, plus le temps passent, plus elles se fanent, et refusent de rester
intactes.

Comme les biscuits. Vous savez, les biscuits secs qui, vieux, deviennent mous, et ceux mous qui, avec le temps, deviennent si secs.

J’ai toujours l’impression de me faire narguer.
Si je travaille, je voudrais tant rester allonger dans mon lit et profiter de tout et de rien. Mais qu’en congé, je me sens coupable de rester couchée, parce que j’ai l’impression de perdre mon temps.

Et, à tous les coups, je me dis que j’aimerais travailler, pour avoir une journée structurée.

J’pense que je suis tannée de l’été, en fait.

J’ai hâte d’avoir les joues rougies par le froid, de respirer de la boucane,de devoir porter des vêtement chauds, et d’être émerveillée par les feuilles rouges, d'étudier, de penser à autre chose qu'à moi,d'être étourdie, comme une feuille qui tombe.
J’ai hâte, parce qu’avec le froid autour de moi, peut-être mon cœur sera-t-il plus chaud.
Arf.

Jorja Bleu, fille de Bret.

J’ai fait un drôle de rêve l’autre nuit. Un rêve qui me trotte dans la tête encore.


Mon subconscient doit prendre de l’acide, ou être particulièrement torturé, parce que c’était assez étrange.


J’ai rêvé que j’étais en moto, avec Bret Michaels. Il m’offrait un immense bracelet chic en ferraille, du genre qui fait tout le bras, qui enveloppe du poignet au coude dans une grande classe. Bleu. Tout sur ce bijou était bleu, des perles au fil de fer qui reliait le tout. Même le petit fermoir délicat était bleu.


Mais en plus, oui, il y a plus, le bracelet était muni d’un système chauffant. Je ne me souviens que de quelques bribes de mon rêve, mais je vois encore Bret michaels m’offrir l’objet, à moto. Moi qui l’enfile (le bracelet). Lui qui me montre la petite télécommande du système chauffant. Qui l’active. J’avais le poignet, et tout l’avant bras, soyons francs, en feu. Je sentais la chaleur irradier jusqu’à mes os.


Et moi de tomber en pamoison devant un immense bracelet bleu chauffant offert par Bret Michaels.

J’étais tellement contente, que je le serrais fort. De dos. Lui qui conduisait une moto rutilante. Et lui de se retourner, et de me serrer. Et de m’embrasser.

Personne ne semblait concerné du fait que la moto roulait toute seule, sans conducteur.

C’est ça, la magie des rêves.


Mais le bracelet. C’était si joli. Digne de Cléopâtre Michaels. Des centaines de perles de tous les tons imaginables de bleu, du azur au ciel, et de la mer des tropiques au bleu windows, un tout aveuglément bleu. Des multiples rangées de fil de fer qui recouvraient tout mon avant-bras. J’étais si heureuse.

En plus, mais je ne suis pas totalement certaine, je crois que je participais à Rock of Love et que toutes les autres candidates étaient naines, myope, cul-de-jatte, et éclopées dans ce genre-là.


Bret m’embrassait, avec un accent anglophone. La moto roulait à toute vitesse, ses cheveux blonds, pas tout à fait à lui, qui volaient dans le vent, qui me fouettaient le cou. La chaleur du bracelet bleu qui me chauffait, puissance maximale. Presque trop.

Ç’en était presque douloureux. La chaleur sur mon bras se transformait presqu’en électricité qui brûlait mes os.

Et là, Je me suis réveillée.

J’avais le bras coincée, tout plié, sous mon oreiller. Mon poignet était dans une drôle de posture, et j’avais mal.
Depuis, j’ai une tendinite.


J’écrirais bien sur Facebook que Bret Michaels me donne des tendinites, mais les mauvaises blagues seraient bien trop à portée de main.

jeudi 1 juillet 2010

Poussière sculptée

J’adore marcher, arpenter les vieilles rues sinueuses proches d’où j’habite.
Tout m’intrigue, parce que y’a de la vie, mais je ne peux juste pas concevoir que des gens y habitent.

Rien n’est conventionnel, propre ou rangé. Les marches sont minuscules et trop hautes, les couleurs écaillées et criardes, les trottoirs sont défigurés, les portes trop petites ou trop grandes et les fenêtre sont toujours encombrées de choses obsolètes.



Ça sent la poussière, et la sciure de bois, mais aussi un peu la graisse noire.

On y entend des cris, d’enfants et d’adultes, peu importe. J’ai même croisé un petit garçon qui avait des pantalons de petite fille, mais qui avait l’air d’un dur à cuir en devenir. Si vous n’avez jamais lu Danny Fisher, de Harold Robbins, eh bien moi, je l’ai rencontré.


Mais ce qui m’a le plus marqué, c’est l’atelier de sculpture que j’ai vu.

Caché au fond de rien, inattendu et magnifique. Sous la forme d'une grosse bâtisse comparable à une usine désaffectée, des fenêtres à carreaux dont plusieurs sont cassés,et dont les cadres sont peints vulgairement, à la vavite et dont la peinture s'écaille déjà, des raboutages de différentes couleurs et de différents matériaux, un tout étrange, en fait. Je pouvais voir un chat, couché devant une fenêtre. Mais encore plus intéressant, des dizaines de sculptures entassées devant les fenêtres, des bustes, des silhouettes, des trucs innommables.

Très inspirant, tout ça.

Et d’une fenêtre, on pouvait voir une vieille télévision sale, qui jouait une émission dont j’ignore le nom. Et un homme qui l’écoutait.


Moi, j’y ferais autre
chose.

vendredi 18 juin 2010

Grosses lunettes

Film d’horreur. Un vrai film d’horreur. Vendredi 18 est le nouveau vendredi 13.

En fait, plutôt la partie intense de la bande-annonce.

C’est arrivé tout à l’heure.


Jean-Benoit était parti depuis environ une heure, l’appel nocturne de ses amis et de la bière ( à peine deux).

Et moi, j’avais si chaud!

Il était environ 22h. Toutes les fenêtres étaient ouvertes, et les rideaux aussi, évidemment. Mes fenêtres donnent sur un immeuble à bureaux et sur un stationnement sur plusieurs étages. La journée, l’immeuble pullule de gens qui ont l’air si occupé, mais le soir, les horaires de bureaux étant ce qu’elles sont, plus personne ne s’y trouve.


On peut donc dire que les fenêtres de mon appartement de donnent sur rien de stressant le soir.

Et moi j’avais chaud.

Je travaille chez Lush. Donc quand j’ai chaud, je me fais un masque à la crème de menthe, évidemment. Je suis toute seule et je me gâte un masque visage-poitrine avec un charmant exfoliant. Sauf que c’est salissant.


Nudité s’impose.

Et moi, de me promener dans mon appartement, toute nue et à moitié recouverte de vert.

Après une dizaine de minutes, je rince mon masque.

Mais j’ai toujours chaud. Alors bien que je me sois débarrassée de mon masque, je garde la nudité.

Envie de pipi.

Moi, toute nue, assise sur la toilette, avachie, qui regarde mes pieds. La grande classe, j'en suis bien fière. Sarcasme.
Je relève la tête.


ET C’EST LÀ.

(enfin me direz-vous..)

Droit debout, devant la fenêtre de l’immeuble qui donne sur mon petit appartement, dont les rideaux et les lumières sont grandes ouvertes, se tient un homme, qui lui, me fixe directement.

À peine une demi-seconde après avoir réalisé que quelqu’un me voyait, j’ai claqué la porte de la chambre de bain, restée ouverte pour ne pas manquer une minute d'American Dad, évidemment.


J’ai à peine aperçu l’individu. Un homme, ça j’ai vu. Et pas très net, si je peux me permettre. Des grosses lunettes, aussi.Du genre de celles dont John Lajoie qualifie de Rapist glasses. Des grosses lunettes laides que personnes ne porte aujourd'hui.

Je me sentais comme dans un film, avec le zoom rapide sur le voyeur (si je peux réellement l’appeler ainsi..). Et après le contre-champ de la pauvre fille qui tente de claquer la porte plus vite que le vent ne le permet.

Reste que la sensation est désagréable.
Quelqu'un de plus sur terre m'a vu nue.

dimanche 13 juin 2010

Oreille en fût. Ou à l'affût.

J’aimerais tellement tout connaître sur tout le monde. Savoir chaque chose tue, chaque histoire de famille, chaque détail méconnu.

J'écoute, toujours, tout autour de moi. Subtilement, on s'entend.

Je capte des bribes d’informations qui me semblent si croustillantes dans des conversations ici et là, et ça me laisse sur ma faim.


De loup.

Je suis curieuse. C’en est presque malsain. À ce qui paraît, la curiosité est un bien vilain défaut. Merde.

Des fois, je me mets hors ligne mentalement. J’existe. Je fais Juste vivre. Quand je m’ennuie, quand le temps ne passe pas assez vite à mon goût, quand n’importe quoi, bref.

J'adore être hors ligne, c’est relaxant. Je me déconnecte, j’arrête de lutter pour un rien, pour que le temps passe plus rapidement ou que je n’aie plus peur, je fais juste être. Souvent je n’ai qu’été dans les cours de philosophie. Jennyfer me comprendrait.

Reste que, quand je suis ailleurs mais présente, je capte quand même les petites noirceurs qui surgissent. Les petites informations qui laissent deviner qu’un passé plus ou moins propre, ou qu’une histoire juteuse se cache ici ou là.


Et je me mets, doucement, pour ne pas effrayer la proie, en

ligne.

mercredi 9 juin 2010

ces temps-ci. Toujours.

J’ai un gros kick sur Coeur de pirate, ces temps-ci. Je n’sais pas si c’est son p’tit accent, la façon qu’elle a de mâcher ses mots, ou encore le fait que je l’ai vu toute nue sur Internet, mais je l’aime bien celle-là.

J’écoute en boucle ses chansons, sans jamais vraiment saisir les paroles.

D’ailleurs, je me dis que je passe assurément à côté de quelque chose en n’écoutant pas le contenu du contenant.

Je me sens de moins en moins libre, ces temps-ci, aussi.

Mais ça c’est autre chose.

Saviez-vous qu’il faut 150 000 fleurs de safran pour faire un kilo?

C’est fou.


Ma mère m’a raconté, jadis, une histoire de quelqu’un qui a passé proche de se noyer. J’ai oublié si c’était elle, moi ou ma sœur… ou n’importe qui d’autre. Elle m’a dit que tout ce qui était visible de la surface, c’était une petite fille, raide comme une barre, qui coulait vers le fond, les grand yeux ouverts qui regardaient vers le haut, les bras déployés vers le haut, comme pour rattraper la surface et s’y hisser. Je vois parfaitement la scène, dans ma tête, au ralenti, évidemment.


J’pense souvent à ça, ces temps-ci.


J’pense à beaucoup de choses, en fait. Souvent, trop, j’ai des bouffées, comme de chaleur, de souvenirs qui m’étourdissent. Étrangement, les souvenirs sont toujours ceux de situations où je me suis sentie ridicule. Mais je me sens souvent ridicule.

Et pour m’étourdir d’autre chose, je chante. Du cœur de pirate, si possible. Ou sinon, n’importe quoi.

Des chicanes, des aberrations dites sous la gêne, comme une blague sur l’université Laval en rapport avec justement, le fait d’avaler, des trucs que je voudrais effacer. Ou je me suis sentie pâte, pour ne pas dire nouille. (Je déteste le mot nouille)

Souvent, je me rappelle certaines choses, et je ne suis pas fière. Et ça m’effraie.


Parce que j’ai peur de, plus tard, repenser à maintenant, et de ne pas l’être, fière.


Sur le coup on se trouve intelligent, mais avec du recul, on se sent souvent idiot.

Ouin, ces temps-ci.

Et je voudrais dire merci. Parce que je l’oublie souvent.


Et Pardon aussi.

mardi 8 juin 2010

L.A.


Sur mon cellulaire, l’image de l’écran c’est une photo de la boutique Lush de Place Laurier.

J’ai pour presque 2 000 dollars de produits Lush dans mon appartement, en grande partie des cadeaux ( je suis pas folle), ou des produits retournés/trop vieux pour être vendus mais parfait pour la consommation, que j’ai pu ramener.

J'ai gardé un élément de la décoration de la boutique qui devait être changé, un gros carré noir de plastique sur lequel est écrit: Crèmes eu beurre et gelées, frotter sur tout le corps et rincer.... pour l'accrocher sur mon mur, comme un tableau. (mais c'est joli, en fait)

Dans mon bain, et sur la toilette (pardon), je m’amuse à lire les étiquettes des produits, à apprendre les ingrédients.

Je suis contente, mais vraiment, quand la météo annonce de la pluie pour une semaine, parce que je me dis qu’il y aura du monde au Lush,que ça va bouger, puisqu’un centre d’achat reste le meilleur refuge en journées de pluie.

Après 5 jours de suite à travailler, je rêve la nuit que je caisse/conseille des produits, c’est inévitable.


Le ¾ de mes messages textes traite de la boutique, de l’achalandage, des problèmes entre les employés. Puisque je texte en majorité avec des employés ou pour raconter à Jean-Benoit les anecdotes Lush-iques.

Je visite tous les jours le site de Lush du Royaume-Unis, pour voir si des nouveaux produits s’en viennent, même si je sais d’avance tout ce qui arrive, parce que je le reçois par la poste.

Je fais des soins de pieds, à mon chum, le soir, avec des produits Lush... et je lui explique les produits, avec ma voix lush.

Et
J’en
Demande
Encore.

Au secours. Je me noie avec plaisir dans une eau jaune qui sent la camomille. ( et une touche de Jasmin)

J'exagère là, j'aime juste mon travail.

salut, Bonjour! Sans Gino Chouinard.

J’me sens sociale, ou sociable, tout dépend. J’me fais des amis partout.

Depuis que j’habite dans mon petit appartement, je dois prendre toujours le même autobus pour aller où je dois toujours aller, travailler. Mais ça, c’est une autre histoire, j'y reviendrai.

Je dis bonjour aux gens. J’enlève mon écouteur gauche, aussi, pour saluer le
chauffeur de l’autobus qui me cueille.

Mais je suis quand même timide. Je ne fais pas partie des gens qui entrent dans l’autobus d’un air décidé comme s’ils entraient sur scène, et que tout le monde les regarde. Je grimpe les hautes marches, vraiment pas pensées en fonction des gens qui mesurent à peine 5 pieds, et je dis inévitablement bonjour au chauffeur. Bonjour, c’est une clef. Quelqu’un qui ne dit pas bonjour ne devrait pas sortir. Comme au Lush! Quand je dis bonjour à un client.. qui me répond : Je regarde. Et moi de répondre, en gentille copieuse de Maïté,: Bonjour quand même.


Bref, je m’égare.


Reste que je dis bonjour au chauffeur. Mais ça reste un bonjour poli et distant, comme si je lui disais que je le salue, mais que je ne suis pas son amie. Théorie du bonjour sans souhaiter une bonne journée, quoi.

Mais les horaires du RTC doivent marcher de paire avec celles de Place Laurier, C’est toujours le même chauffeur qui me conduit au travail.

Au fil des jours, je lui dis bonjour, il me reconnait, je le reconnais. Le type de bonjour change.


Du Bonjour froid, poli, je suis passé, un jour parmi un autre, à un Bonjour plus franc. Et lui aussi. Je le vois presque tous les jours, je peux me le permettre.

Les chauffeurs sont toujours surpris de mon aparté amicale, et semblent si saisi de surprise qu’ils ne répondent pas, souvent. Mais après plusieurs fois, je l’ai amadoué, je suis douée.

Il y a quelques jours, je voyais l’autobus arriver, et par le gros par brise, j’ai
vu mon chauffeur me voir. Et sourire. Je me suis dis, bon ça y est. C’est rendu mon ami.

Quand j’ai monté les marches, je suis passé du Bonjour à Salut! Le Salut! le plus amical que je pouvais sortir! Et lui de me faire un signe de la main, les yeux fermés, en hochant de la tête, l’air de dire : Hey salut la petite femme que je chauffe presque tous les jours!

J’ai bien ris.
Pis je me suis dis que je devrais le raconter sur mon blog.
Alors voila.

samedi 5 juin 2010

Beau garçon cochon. (homme ''laitte'' au jambon)

La chaleur ondoie et rougie la fonte. La pauvre motte se débat, rapetisse. Ratisse la surface antiadhésive, comme si elle avait une chance.
Chance de ne pas fondre. Mais c’est beurre perdu, une flaque luisante, aux bords broueux, se forme, et s’étend. Premier combat livré, livre de beurre, perdu, pain perdu.
Non, pas pain perdu, omelette.
Lui, sa coquille casse, craque, craque bien nette sur sa lisse carapace d’ivoire. Alors qu’il se répand d’une blancheur jaune, visqueuse, la flaque fondue s’étend et visite la fonte.
Arrive le contact. Contact broueux et visqueux. Flaque translucide de mou qui rutile, se tortille, et devient lentement, mais surement, blanche et gélatineuse.
Ça s’étend, ça frise. La viande qui, là-dedans, est bien assise.

Et voilà, mon omelette au jambon.

jeudi 3 juin 2010

Gratter la rouille

J’ai changé.

C’est normal, j’imagine, parce que plus on vieillit, plus on se désillusionne, donc
plus on change.

Reste que j’aimerais bien revenir un peu en arrière, juste un peu.

J’ai l’impression de ne plus prendre soin de moi, de me laisser aller. Sauf que je ne sais pas où exactement je me laisse aller. Peut-être que je travaille trop.

Bientôt, j’irai me faire couper les cheveux, en demandant paradoxalement qu’elle
n’enlève pas de longueur, comme si elle pouvait couper sans le faire. C’est dans ma mélancolie de cheveux longs qu’elle devrait couper.

Arf, j’ai l’air bien drabe avec tout ça hein!

Je me ferai tatouer bientôt, une grosse rose.


J’en parlerai à personne, et je rirai.


Je veux aller à la Ronde & à Val-cartier.

Je veux finalement finir Madame Bovary, de Flaubert. Je m’en veux beaucoup, mais je
déteste ce livre, je le trouve extrêmement ennuyeux. Pardon Yolaine.

Je veux mes tablettes, et je veux les faire moi-même.

J’aurais voulu aller à Boston, voir Bret, mais je suis assez grande pour comprendre que c’est irréaliste.

Je veux expérimenter le saladShop.

Je veux passer une belle journée à marcher avec Jean-Benoit.




Je veux être heureuse.

Voila mon plan pour ce qui me reste de l’été.


Ouf. Je suis
Rouillée.


Je devrai aussi prévoir de gratter la rouille.

lundi 15 février 2010

Pop. =8

Gaaa ga gouu gou.
(stéréotypes de gazouillements de bébés.)

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J'ai mangé une tonne de pop corn dernièrement. Un gros sac plein.
Rendu au fond, les gros grains rebondis et éclatés sont denrée rare.
Juste les petit grains durs, casses gueules et mal-éclatés restent, comme prix de consolation.

Je les aime beaucoup, moi, ces petits grains-là.
J'en prend des petites poignées du bout des doigts, et je les enfourne dans ma bouche. Le but c'est d'en prendre le plus possible en même temps, de se dépêcher de les manger, pour ne pas qu'ils tombent et s'éfarfouillent partout.

C'est salé. Très salé. J'aime ça. Pis en plus, si je mâche pas tout de suite, ça fond sur ma langue.

Je les aime vraiment, en fait.

Je suis à la limite d'écraser tout grain parfaitement déployé pour qu'ils deviennent de petits bouts fondant de maïs.
Miam.




Mais quand j'enlève ma brassière, j'aime pas ben ben ça en trouver.

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On essaie, on cherche un peu, on se demande.
Pis finalement on se lance.

Des fois je comprend pas vraiment. Mais bon.
On verra ben!