samedi 14 février 2009

Dialogue à l'interne


La nuit perce toujours à cette heure-là.
recroquevillée sur mon lit, je..

-Amélie, mais qu’est-ce que tu fais ?, nom de nom!
-Heu..je lis des nouvelles de Maupassant, j’ai trouvé un super site qui regroup..
-Je sais que tu lis. Mais je ne te parle pas de ça. Et tu le sais parfaitement.
-Hum hum. Jeee sais.
-Alors, veux-tu bien me dire pourquoi tu ne dors pas?
-Simple, je m’endors pas.
-Je crois que te demander le pourquoi de cette situation serait superflu, non?
-Oui, je sais que tu sais. J’peux pas faire comme si je le savais pas?
-Non.
-Pourquoi?
-Parce que c’est stupide, voyons. Tu le sais.
-hum. Arrff..
- Écoute, tu es étendue dans ton lit, avec ton ordinateur sur les genoux, en pleine nuit, à lire des nouvelles du 19e siècle, en écoutant de la musique, avec, en plus, un film qui joue sur ta télévision. Pourquoi, crois-tu?
-…

-Parce que tu, et tu le sais, n’arrives pas à trouver le sommeil quand tu es comme ça. Tu te sens mal pour pleins de choses, et l’inaction que la nuit t’impose t’angoisse, alors tu veux remplir ta tête de sons, de lettres et d’images. De n’importe quoi, bref.
-J’ai envie de discuter avec deb..
-Non. Tu as surtout envie de dormir. Demain, c’est la Saint-Valentin, ce qui signifie une grosse journée..
-Parle moi s’en pas de c’te fête-là..
-Amélie. Dors. Tu vois bien que tin corps te le demande!
-Mais si je ferme mon ordinateur, ma musique, ma télé, j’vais me retrouver dans le noir. Avec moi-même et c’est tout.
-Et alors? Qu’est-ce que ça a dramatique. Les gens normaux ne dorment pas avec la télévision.
- J’vais avoir peur.
-Et de quoi, veux-tu bien me dire, diantre?!
-Du noir, du silence, de ma tête.
-S’il te plaît, c’est pathétique à un certains point!
-Non, mais c’est parce qu..
-Non.
-Écoute, j’ai peur c’est tout.. mais j’sais pas vraiment de quoi. J’ai peur de trop penser, parce que quand j’ai rien pour m’occuper l’esprit dans ces heures-là et dans cet état-là, ça donne jamais quelque chose de positif, si y’a bien quelqu’un de bien placé pour le savoir, c’est bien toi. J’ai le cœur lourd, j’ai pas envie d’angoisser. J’ai peur. Peur d’angoisser. Peur d’être folle.
-Ma pauvre fille. Tu recommences? La dernière fois remonte à quelques semaines déjà. Je croyais que tes attaques étaient révolues.
-Oui, je sais.
-Bon, alors on fera un compromis. Tu éteins ton ordinateur, tu laisses Guy de Maupassant tranquille un peu et tu fermes ta musique, mais tu peux laisser un film. Pourquoi pas Shall we dance? Rien de plus rassurant.
-Ouin. Mais j’peux pas lire encore une dizaine de minutes, je l’aime Maupas..
-Non. Tu exagères toujours.
-Je te hais.
-Oui, je sais. Je sais tout, ne l’oublie pas.

Désobéissante, elle prit tout de même la peine de finir la nouvelle qu’elle lisait. Une dizaine de moins de sommeil pour son métabolisme. La nuit c’est dur, seule et angoissée, il faut la comprendre, cette enfant.

Je dois toujours lutter contre ma conscience pour quoi que ce soit. Comble de malchance, elle gagne toujours, quelle injustice.

3 commentaires:

  1. Amélie, il faut dire que c'est normal haïr sa propre conscience puisque sans elle, on a l'impression qu'on serait plus heureux des fois. De plus, je ne vois pas pourquoi tu porte toujours en toi cette quête de la normalité ultime... celle qui te ferait fondre parmi la masse de chaire qu'est le monde normal. Je ne veux pas que tu disparaisses moi et je ne suis pas tout seul... TU n'es pas toute seule. Pour finir, je sais ce que s'est que de trop penser la nuit... il y a tellement de choses qui te tracassent et t'as l'impression que la nuit dure une éternité... moi j'ai trouvé ma porte de sortie dans ce monde sombre et, sachant le peu d'aide que cela te porte, il n'y a que toi qui trouvera la tienne.


    Bref, j'espère que ceci t'a aidé un tout petit peu, cela étais et ce sera toujours mon but malgré mes restrictions personnelles dans le domaine du transfert d'idées au ''papier''

    Nos cours de philo me manquent tellement...
    Daniel

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  2. Tu me laisses sans mot... Tout ce que j'arrive à dire, c'est que malgré que je ne sois pas dans ta tête, j'arrive à te comprendre.. Il m'arrive ce genre de truc presque toute les nuits depuis quelques temps! C'est vraiment angoissant à la fin! Mais comme tu l'as si bien dit, la «foutue» conscience gagne toujours!
    Bonne nuit ma belle!

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  3. Ma petite Amélie moi je sais pourquoi tu étais comme cela la veille de la saint-valenchien. Et je te jure que je te comprend, moi aussi j'aurais réagis comme toi, mais ce qui est pire à mon avis, c'est que je fais comme toi le soir mais pour rien. En fait, je fait cela parce que j'aimerais avoir du courage pour affronter mes peurs et surtout affronter les personnes que je crains les plus... Bref, moi ma conscience m'a abandonné, cela fait longtemps, mais j'espère un jour son retour qui sait!

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