lundi 11 avril 2011

Pamphlet

Les intellectuels portent de grosses lunettes noires, ils s’habillent en vêtements serrés et se masturbent le cerveau, frénétiquement, devant un miroir. Les intellos aiment aimer l’art, la littérature. Ils aiment aimer aimer la littérature et l’art. Mais surtout, ils aiment montrer qu’ils aiment l’art. Qui pourrait le deviner? Personne n’est assez intelligent pour voir que cet homme maigre qui porte un chandail - fait au Sri Lanka par de petites mains - sur lequel trône une représentation de Jackson Pollock, aime l’art. Personne. Cet homme doit donc justifier, prouver son amour de Pollock à chaque mot, à chaque phrase. Jackson Pollock, bonjour. Jackson Pollock, tu vas bien? Jackson Pollock, oui, merci.
Jackson Pollock, pourquoi? Qui veut réellement entretenir une conversation avec quelqu’un qui n’écoute ni ne s’intéresse que s’il voit l’opportunité de mentionner son intellect.
-J’ai si faim!
-ah oui? Tu sais, ça me fait penser à quelque chose! J’ai rêvassé pendant des heures devant une toile d’un jeune artiste néerlandais-serbo-croate. Une reproduction contemporaine éclatée de La Cène où tous les apôtres dansent nu en s’épilant les mollets et où Jésus à une corne de Rhinocéros sous le menton et des oreilles de chat. Ça m’a diablement secoué. J’ai vraiment saisi l’ampleur et l’ambivalence concrète de la métaphore sur le rapport de la nourriture avec les sujets d’un tableau. Mais également du peintre de ce tableau..

Come on.

Je me lève contre tous les humains qui ont tellement besoin de prouver qu’ils sont éduqués. Qui jouissent d’exposer à la plèbe mentale qu’ils ont tout lu, qu’ils ont tout vu. Qu’ils ont eu la chance de naître dans une famille qui prône l’éducation, qui paye les voyages, et qui s’en servent ingratement pour cracher au cerveau de ceux qui sont nés d’ouvriers. Qu’ils comprennent la démarche artistique d’un artiste qui ne la comprend même pas lui-même et qui rit dans sa barbe de voir les crétins d’intello embarquer sur son beau grand bateau peint à l’huile et à l’eau. Je me lève pour dire que je n’ai pas lu Proust, que je n’aime pas particulièrement Fellini et que j’ai abandonné Madame Bovary. Et que je m’en porte très bien.

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