mardi 11 décembre 2012

La Bouteille

L’ivresse m’emplissait la tête. Je n’avais de cesse d’espérer qu’elle atteigne bientôt le trop-plein. Ce trou où elle s’engouffrerait pour me laisser tranquille un peu. Je ne me souviens pas de grand chose sinon de cette sensation d’être parfaitement lucide dans cette intoxication aliénante. Cette sensation d’être enfermée dans mon corps marionnette dont toutes les ficelles sont régies par l’alcool qui dévale dans mon sang. J’étais pris au piège dans ce corps de chienne saoule. Je me souviens aussi du froid. Pas un froid qui fait grelotter ou frissonner, le soir, entre amoureux. Non. Plutôt un du genre de ceux qui givre les os et l’âme en ce qu’elle a de plus profond. Un froid mental, un froid qui dit : pourquoi n’as-tu pas pris ton manteau avant de fuir du bar à pieds, quand tu habites à cinq kilomètres ? Cinq kilomètres. Ça sonne léger. Mais avec les veines bouchées de houblon, ça fait tout un monde à parcourir, seule dans le froid. Je voulais sortir de cet état, revenir à la façade que je construis de moi. L’ivresse amène la clef du cadenas qui scelle la cage dans laquelle les pieuvres, sangsues, chauve-souris et poissons-chats de mon âme sont détenus.

2 commentaires:

  1. toujours aussi troublante amélie

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  2. Bacchus, dieu du vin et de l'intoxication, a noyé plus d'hommes que Neptune, dieu des Eaux.

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